Ballet en noir et blanc

Enfermer La Belle au bois dormant ou Casse-noisette dans un piano ? Mikhail Pletnev l’a fait, avec un art certain, réalisant ces transcriptions à son usage. Magnifiquement pianistiques, elles font voir aussi bien la danse que la pantomime dans La Belle au bois dormant que Claire Huangci joue très grand style, faisant des entrechats et dressant des décors. Continuer la lecture de Ballet en noir et blanc

Pour l’amour de Drago

Au cours des années cinquante, Decca posa ses micros à l’opéra de Belgrade. Objet, y saisir d’abord le Boris et le Dosifei de Miroslav Čangalović et réaliser une série d’enregistrements d’opéras russes par une troupe les ayant naturellement à son répertoire.

Cette série souvent décriée restait à dormir dans les archives Continuer la lecture de Pour l’amour de Drago

La jeune fille et son œuvre

14 août 1962, Sir Malcolm Sargent entre sur la scène du Royal Albert Hall suivant une jeune fille de seize ans qui empoigne son violoncelle comme un bouclier : Jacqueline du Pré allait réinventer le Concerto d’Elgar, lecture palpitante, archet fantasque, accents suspendus, une liberté folle que Sargent, abonné à l’œuvre (il y aura guidé Paul Tortelier lui-même) accompagne dans chaque foucade, dans chaque rêverie. Concert historique s’il en fut où Londres pouvait enfin acclamer une artiste dont le nom était déjà sur toutes les lèvres.

Cela suffirait pour rendre cet album essentiel, mais s’y ajoute une interprétation en concert (24 novembre 1962) stupéfiante d’une autre œuvre d’Elgar que Sir Malcolm Sargent avait faite sienne (il l’enregistra deux fois), The Dream of Gerontius. Il en fut, devant Boult et Barbirolli, le premier apôtre, illuminant le texte du cardinal Newman d’une spiritualité toute catholique, y mettant des transcendances de lumière, toujours plus versé dans la transfiguration que dans la mort.

Et quel Gerontius il a ! Richard Lewis, souverain, supérieur à son enregistrement en studio pour Barbirolli et même à celui qu’il grava avec Sargent lui-même, offrant des phrasés étreignants : il faut l’entendre dire : « Jesu, Maria, I am near to death ». Quel achèvement, quelle élévation, quel art, quel chanteur !

Marjorie Thomas, fabuleuse comme toujours, John Cameron, noir, mordant, les chœurs – nombreux – qui fulgurent, l’orchestre sonnant un mystère, continuent de rendre ce concert indispensable, à placer tout près du studio de Barbirolli.

LE DISQUE DU JOUR

Sir Edward Elgar (1857-1934)
Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur,
Op. 85*

The Dream of Gerontius,
Op. 38

Jacqueline du Pré, violoncelle
Richard Lewis, ténor
Marjorie Thomas, mezzo-soprano
John Cameron, baryton
Hudderfield Choral Society
Royal Liverpool Philharmonic Orchestra
*BBC Symphony Orchestra
Sir Malcolm Sargent, direction

Un album de 2 CD du label Pristine Audio PACSC525
Acheter l’album sur le site du label Pristine Classical

Photo à la une : le chef d’orchestre Sir Malcolm Sargent – Photo : © DR

Wozzeck sans Wozzeck

Typique : Kryzsztof Warlikowski commence son spectacle hors du sujet, du moins le croit-on au début : un concours de danse de salon pour enfant aligne un jeune corps de ballet de gamins déconcertant d’aisance qui créent un savant malaise en singeant le monde des adultes. Au commande de la radio d’ambiance Continuer la lecture de Wozzeck sans Wozzeck