Archives par mot-clé : Wolfgang Amadeus Mozart

La conquête du disque

Ernest Ansermet aimait à rappeler que l’un des fondements principaux de son art fut le ballet, chef de fosse pour Diaghilev, ce qui ne fut pas une sinécure. L’expérience lui mit le pied à l’étrier Continuer la lecture de La conquête du disque

Solaire

Dans l’entrée de l’Allegro, Howard Griffiths fait sourire les bois, voudrait-il signifier à Aaron Pilsan que Mozart a écrit ici son concerto le plus absolument heureux ? Pourtant le pianiste entre discrètement, et même avec une nuance un peu nostalgique Continuer la lecture de Solaire

Konzertmeister

Bernard Haitink a eu le temps de rédiger l’hommage qui ouvre le beau livret : Hermann Krebbers fut au long des décennies 1960-1970 son premier violon, archet intense, grande sonorité, beaucoup d’aplomb et autant de poésie. Continuer la lecture de Konzertmeister

Concerto d’opéra

Dans sa jolie note d’intention, Pierre Génisson souligne l’univers spirituel qu’il entend dans le Concerto pour clarinette écrit pour Stadler, soulignant la proximité en loge maçonnique des deux musiciens.

Mais l’écoutant phraser avec émotion, infusant dans sa clarinette une palette de timbres relevés de dynamiques subtiles, tout un théâtre des sentiments (et souvent cueillant le plus secret de Mozart dans des pianissimos irréels, l’Adagio est hors du temps, peut-être s’y glisse-t-il en effet un peu de métaphysique), je me dis que ce disque penche plutôt du côté de opéras.

D’ailleurs Mozart l’y invite, et Pierre Génisson lui donne raison en piochant chez Cherubino, Dorabella, Despina, mettant des mots dans son instrument si vocal, et savourant le grand trio de Così fan tutte, autre moment suspendu.

Lorsque Karine Deshayes s’invite, faisant entendre sa voix qui s’est libérée vers l’aigu, l’opéra rayonne à plein, Pierre Génisson lui faisant duo pour son Sesto, qui serait en scène encore une de ses incarnations majeures, mais aussi pour Vitellia. Quel Rondo !, où le clarinettiste joue un sombre cor de basset.

C’est l’autre secret de ce disque accompagné avec tant d’éloquence par Concerto Köln et le jeune Jakob Lehmann, les instruments : clarinettes modernes parfois (et conçues pour ce disque), copies des instruments de Stadler. Le plus beau de tous ? La clarinette de basset du Concerto, palette de timbres irréels si proche de la voix humaine, dont les micros de Maximilien Ciup saisissent avec art la chair et les soupirs.

Coda toute spirituelle, et fascinant. Pour le Lacrimosa du Requiem à deux voix (et en re-recording), Pierre Génisson se dédouble : la clarinette double le cor de basset, s’ajoutent un orgue, et un glockenspiel ? un célesta ? Vous le découvrirez ici, et pour les Parisiens en concert au Théâtre des Champs-Elysées le mercredi 6 décembre 2023. Magique.

LE DISQUE DU JOUR

Mozart 1791

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Le nozze di Figaro, K. 492 (extrait : Aria, « Voi che sapete » – arr. pour clarinette : Bruno Fontaine)
Così fan tutte, K. 588 (3 extraits : Aria, « Come scoglio » ; Terzetto, « Soave sia il vento » ; Aria, « Una donna a quindici anni » – arr. pour clarinette : Bruno Fontaine)
Concerto pour clarinette et orchestre en la majeur, K. 622
La clemenza di Tito*, K. 621 (2 extraits : Aria, « Parto, parto, ma tu ben mio » ; Recitativo accompagnato e Rondo, « Ecco il punto, o Vitellia … Non più di fiori vaghe catene »)
Requiem en ré mineur, K. 626 (extrait : VIII. Lacrimosa – arr. pour clarinette, orgue et Fender Rhodes : Bruno Fontaine)

Pierre Génisson, clarinette [de basset]
*Karine Deshayes, mezzo-soprano
Bruno Fontaine, claviers
Concerto Köln
Jakob Lehmann, direction

Un album du label Erato 5054197732331
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Photo à la une : le clarinettiste Pierre Génisson – Photo : © Emma Picq