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L’Opéra de l’Illusion

Le plus aimé des opéras de Haendel ? Joan Sutherland lui donna vie au XXe siècle, inventant quasi ex-nihilo un premier bel canto, hélas de mots peu percutants (davantage en scène qu’au disque tout de même) qui fit beaucoup Continuer la lecture de L’Opéra de l’Illusion

Folklore imaginé

La déploration avec orage qui ouvre les Cinq Chants populaires hongrois, habillé d’un orchestre atmosphérique et sombre, reste une des plus saisissantes page du catalogue vocal de Béla Bartók. Qui lui donna une telle intensité ? Julia Hamari, dont le chant angoissé de Magdalena Kožená semble se souvenir. Son mezzo plus leste saisira avec tout le piment nécessaire la troisième chanson, dans le luxe de timbres et de piques que Sir Simon Rattle tire des Pragois. Magnifique !, car son geste est intimement accordé à l’art de son épouse, qui sait dire autant que chanter.

La haute fantaisie qu’elle met au cycle de Berio où son art polyglotte n’a rien à envier à celui de Cathy Berberian en magnifie les adaptations infiniment savantes, son art évocateur culminant dans la chanson à la lune arménienne, cette façon d’empoigner le texte et d’étendre du même geste la ligne vocale… mais écoutez l’humour mordant, le timbre fier, la langue pimentée dont elle pare la fabuleuse Chanson d’adresse azerbaïdjanaise, sur le tambourin si caucasien que lui font les Tchèques.

Les Chansons grecques de Ravel sont divines de fantaisie, d’humour, de poésie et dans un si beau français !, avec toutes les épices d’un orchestre dont l’imaginaire se surpasse au long des exotiques Chansons nègres de Montsalvatge : ce charme, cet esprit, je ne les avais plus retrouvés ici depuis l’enregistrement de Victoria de los Ángeles.

Et si de Prague ils nous donnaient, pour poursuivre dans les merveilles de ce folklore imaginaire, tous les Chants d’Auvergne de Canteloube ? Magdalena Kožená m’a tenté avec ceux inclus dans le cycle de Berio : l’ambre du timbre, les mots si justes, la voix si flexible, tout la désigne pour être au disque la nouvelle interprète de ces merveilles.

LE DISQUE DU JOUR

Folk Songs

Béla Bartók (1881-1945)
Cinq chants populaires
hongrois, Sz. 101, BB 108

Luciano Berio (1925-2003)
Folk Songs
Maurice Ravel (1875-1937)
Cinq mélodies populaires grecques, M.A 9, 10, 4, 5, 11
Xavier Montsalvatge (1912-2002)
5 Canciones negras

Magdalena Kožená, mezzo-soprano
Orchestre Philharmonique Tchèque
Sir Simon Rattle, direction

Un album du label Pentatone PTC5187075
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Photo à la une : la mezzo-soprano Magdalena Kožená –
Photo : © Julia Wesely

Splendeur

Des Études ? Lorsque l’on entend l’orchestre que fait jaillir Francesco Piemontesi du bref Preludio on oublie le piano, c’est un horizon qui s’ouvre, mais le clavier reprend ses droits, mobile au-delà du possible pour un Molto vivace qui fuse et oublie de marquer la mesure comme le firent tant de virtuoses, Jorge Bolet en tête.

Non les Transcendantes de Piemontesi ne sont en rien des Études, le sonnet au bord du silence de Paysage, la ballade de Mazeppa, les hallucinations de Feux follets et de Visions, les confidences de Ricordanza, où il faut dire et interroger dans la matière même de la sonorité, ce que seul un poète peut faire jouant les trilles en caresse, la scène d’opéra diabolique de Wilde Jagd, où Méphisto semble mener le bal, tout cela cédera pourtant devant la poésie irréelle, déjà hors du monde d’Harmonies du soir, de Chasse-neige surtout, au-delà du dicible, étoile tremblante dans un ciel de brouillard.

Je sors de là transporté. Liszt virtuose, peut-être, mais Liszt poète d’abord. Après, il vous faudra abandonner vos habitudes devant l’une des versions de la Sonate en si les plus saisissantes qu’il m’ait été donnée d’entendre, une autre « Fantastique », démesurée, foudroyante, plus sombre qu’à l’habitude, amère aussi, une désillusion la conduit vers son abîme final. Il lui aurait fallu ensuite les cercles infernaux de la Dante vers lesquels elle semble aspirée. Hélas, elle manque !

LE DISQUE DU JOUR

Franz Liszt (1811-1886)
12 Études d’exécution
transcendante, S. 139

Sonate pour piano en
si mineur, S. 178

Francesco Piemontesi, piano

Un album de 2 CD du label Pentatone PTC5187052
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Photo à la une : le pianiste Francesco Piemontesi – Photo : © Camille Blake