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Le Sacre

Royal Albert Hall, 5 mai 1963, Pierre Monteux célèbre avec la formation qui portera ses ultimes enregistrements pour Philips, les cinquante ans du Sacre du printemps. Il venait de fêter ses quatre-vingt-huit printemps, impossible de le croire à l’écoute de ce concert vertigineux.

Cette tranquille violence, cette âpreté sacrificielle qui se love dans la plénitude des timbres, ces rythmes mêlant Eros et Thanatos, la volupté du ballet et la puissance cosmique du rite, tout cela fait de cette prise de concert, captée excellement par les ingénieurs de la BBC, la révélation d’un inédit de taille dans le legs sonore du chef français. Première publication, et une claque dans sa discographie d’une œuvre qu’il aura servi à plusieurs reprises.

C’est l’apport majeur de ce généreux double album, dont les autres œuvres, sinon la Deuxième Suite de Daphnis et Chloé avec l’orchestre de Beecham, renversante, n’ajoutent rien de saillant à sa discographie, mais écoutez son anglais avec moustache dans les deux fragments de répétition de la 7e Symphonie de Dvořák, savoureux…

LE DISQUE DU JOUR


Pierre Monteux
First Releases.
Performances, Interviews, Rehearsals.

CD 1
Carl Maria von Weber (1786-1826)
Jubel-Ouvertüre, Op. 59,
J. 245

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 6 en fa majeur, Op. 68 « Pastorale »
Maurice Ravel (1875-1937)
Rapsodie espagnole, M. 54
BBC Northern Orchestra

Daphnis et Chloé – Suite No. 2, M. 57b
CD 2
Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie No. 104 en ré majeur, Hob. I:104
Royal Philharmonic Orchestra

Igor Stravinski (1882-1971)
Le Sacre du printemps, K015
London Symphony Orchestra

Pierre Monteux, direction

Un album de 2 CD du label SOMM Recordings 5028-2 (Série « Ariadne »)
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Photo à la une : le chef d’orchestre Pierre Monteux – Photo : © DR

Berlinade

Premier geste discographique après son intronisation en tant que directeur musical des Berliner : la 5e Symphonie de Gustav Mahler. C’était à la fois faire allégeance au magister de Claudio Abbado, dont Mahler fut toujours le sujet, et acte d’émancipation. Continuer la lecture de Berlinade

Joueurs de tennis

Les raffinements de sensualité que Debussy déploya dans Jeux – accessoirement l’autre révolution d’orchestre du XXe siècle avec Le Sacre du printemps, son strict contemporain – ont un sujet : une partie de tennis à la tombée du jour. Continuer la lecture de Joueurs de tennis

Bohuslav

Revenu à Paris après ce qui sera (mais il ne le sait pas encore) son ultime séjour en Bohème, Bohuslav Martinů s’attela à la « Suite de danse » qu’il avait promise à Samuel Dushkin : on était en août 1938. Une année plus tard, Martinů quittait Paris dans la débâcle, trouvant refuge en en zone libre.

Entre temps la « Suite de danses », commencée par une Toccata assez jazzy, très dans la verve des musiciens de l’École de Paris (tous des immigrés d’Europe centrale) sera devenue cette Suite concertante que le compositeur finira par orchestrer en 1941, ayant perdu tout espoir de revoir jamais sa Bohème. Une nostalgie prégnante s’est installée dans la grand déploiement de l’Andante, mais la suractivité rythmique des années parisiennes endiable un Scherzo un brin méphistophélique, et fait flamboyer un Final virtuose qui siérait à merveille pour un grand concerto : écriture échevelée, orchestre solaire, que Frank Peter Zimmermann, Jakub Hrůša et ses Bamberger magnifient, ajout majeur à leur album des deux Concertos.

Si demain Frank Peter Zimmermann, s’adjoignant Martin Helmchen, allait regarder du côté du Concerto pour violon et piano (H. 342), il pourrait poursuivre sa saga Martinů qui est l’atout majeur de ce nouvel album.

Son impeccable lecture du Concerto de Stravinski (une redite, il l’avait enregistré jeune homme avec Gianluigi Gelmetti), ses Rhapsodies de Bartók si tenues, plus pensées que jouées, se font voler la vedette par cette Méditation que Martinů composa en 1945 et qui devait prendre place dans la version définitive de la Suite : un requiem de six minutes.

LE DISQUE DU JOUR

Igor Stravinski (1882-1971)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur,
K053

Béla Bartók (1881-1945)
Rhapsodie pour violon No. 1, Sz. 87, BB 94 (version orchestrale)
Rhapsodie pour violon No. 2, Sz. 90, BB 96 (version orchestrale)
Bohuslav Martinů
(1890-1959)
Suite concertante en ré majeur, H. 276a

Frank Peter Zimmermann, violon
Bamberger Symphoniker
Jakub Hrůša, direction

Un album du label BIS Records 2657
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Photo à la une : le violoniste Frank Peter Zimmermann –
Photo : © Irène Zandel