La Hallenberg

Ann Hallenberg récidive chez les castrats. Après un album dédié à Marchesi, la voici qui endosse les costumes des personnages portés à la scène par Farinelli, mieux!, les fait paraître.

Car si, de pure technique, elle dame évidemment le pion à tous les contre-ténors qui auront tenté de ressusciter la légende de ce premier belcanto, la Suédoise donne à entendre les sentiments et à faire sentir les dilemmes, portant haut les mots (elle peut compter sur l’attention de Christophe Rousset, si présent aux textes), ornant d’abord des états d’âme.

C’est évident et sublimement fait pour les deux Haendel, Ruggiero et Almirena sont devant vous, mais tout aussi vrai pour le Dario de l’Idaspe de Broschi dont les lignes éperdues et interminables sont comme infiniment portées : elle chante d’un violon, d’un hautbois, jamais le souffle ne lui manque, ni la couleur, pas plus l’expression.

Juste dans l’Alto Giove de Porpora lui fait défaut cette grâce supplémentaire que produit l’effort, le quasi sacrifice, chez ses collègues masculins : tout lui semble si aisé. La preuve avec l’aria de tempête qui ouvre l’album. Ce chant dardé, brillant, mordant et souple est un miracle, et tout cela live, of course ! Refermant ce collier de perles, je me dis qu’ensemble, ils devraient bien penser à nous offrir un album Vivaldi.

LE DISQUE DU JOUR

cover-ann-hallenberg-rousset-farinelli-aparteFarinelli
A Portrait
Live in Bergen

Œuvres de Haendel,
R. Broschi, Giacomelli,
Porpora, Hasse, Leo

Ann Hallenberg,
mezzo-soprano
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction

Un album du label Aparté AP117
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Photo à la une : © DR

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