Dans la merveilleuse nuit sans fin

Pour Kaikhosru Shapurij Sorabji, le temps en musique n’existe pas, seule l’éternité lui importe, ou plutôt de pouvoir suggérer le sentiment d’une éternité qui entraîne l’auditeur hors du temps.

Savait-il lorsqu’il commença à écrire les deux heures vingt de son Nocturne Symphonique le 17 septembre 1977 qu’il composait alors le chef-d’œuvre de sa maturité ? Ce labyrinthe de sons conçu d’une seule traite concentre dans ses plus belles pages une extase nostalgique où des accords mystérieux évoquent des fantômes de gamelan, toute une mystique de la nuit qui serait comme l’extension touchant à l’infini d’une des pages les plus célèbres du compositeur, Parsi (Le Jardin parfumé).

Cette vaste rhapsodie alterne de larges sections à l’écriture comme improvisée et des parenthèses de rêve troublante, elle était demeurée jusqu’à ce jour inédite au disque. Tout dévoué à l’œuvre de Sorabji, Lukas Huisman a approché le Nocturne Symphonique guidé par Geoffrey Douglas Madge et Jonathan Powell, il s’y engage avec une déconcertante aisance technique, tirant de son robuste Yamaha tout un univers sonore qui aura influencé profondément Morton Feldman.

Il replace ainsi cet opus majeur des années 1970 dans le grand concert du piano contemporain : Triadic Memories, For Bunita Marcus et Palais de Mari lui doivent beaucoup.

LE DISQUE DU JOUR

cover-sorabji-symphonic-noct-huisman-pcKaikhosru Shapurij Sorabji (1756-1791)
Symphonic Nocturne
for Piano Alone

Lukas Huisman, piano

Un album de 2 CD du label Piano Classics PCLD O119
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Photo à la une : un extrait, première page, d’une des partitions de Sorabji – Photo : © DR