Archives de catégorie : Défense du patrimoine

Brahms par Ansermet : sous une douce lumière

Voici le grand œuvre d’Ansermet pour son 80ème anniversaire. Il s’offrit une intégrale des Symphonies et Ouvertures de Brahms, compositeur qu’il affectionnait tout particulièrement, et dont il donna à la fin de son existence des interprétations magistrales. Ainsi, dans son essai biographique (Ernest Ansermet, pionnier de la musique, chez L’Aire musicale), François Hudry se souvient de la Quatrième donnée le 2 février 1968 au Victoria Hall (« notre plus grande émotion musicale … interprétation pétrie d’humanité ») par le chef, alors de retour d’une tournée aux Etats-Unis où il avait également interprété cette partition (à New York). Continuer la lecture de Brahms par Ansermet : sous une douce lumière

Rimski-Korsakov par Ansermet (I)

Ernest Ansermet grava Schéhérazade de Rimski-Korsakov à trois reprises, deux fois à Paris, en 1948 et 1954, la dernière à Genève en 1960. Il s’agit ici de la seconde, qui constitua également la première prise de son stéréophonique de Decca à Paris (décidément, Ansermet est l’homme des premières en ce domaine!).

Cette deuxième interprétation avec la Société des Concerts du Conservatoire est totalement différente de la gravure avec L’Orchestre de la Suisse Romande, d’une finesse incomparable dans les accentuations, les phrasés, et aussi d’une liberté imaginative incroyable – les solos si expressifs, inoubliables, de Lorand Fenyves.

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Extraordinaires Sibelius & Rachmaninov d’Ansermet (1963, 1954)

A ne pas mettre entre les mains des cœurs fragiles. Depuis nos précédents articles, notre enthousiasme vis-à-vis de la stupéfiante Quatrième de Sibelius d’Ansermet et de l’orchestre genevois en 1963 ne s’atténue pas. Les interrogations fusent : comment peut-on donner une vision aussi rauque et noire avec un orchestre si naturellement lumineux et ensoleillé ? Ecoutez les Brahms des mêmes sessions et le début de Sibelius !, … le monde a basculé. Comment Ansermet arrive-t-il à suggérer cette impression de malaise psychologique croissant ? Le tempo très modéré du dernier mouvement n’en est pas la seule explication. Le travail du chef sur les couleurs, les textures et les oppositions orchestrales est prodigieux de bout en bout, tel ce premier accord qui installe d’emblée un climat d’incertitude harmonique inoubliable – l’oreille y perçoit méticuleusement tous les instruments employés (ah, les bassons français!).

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Une Troisième de Mahler si vivante, par Martinon

Il ne faut jamais se fier au répertoire enregistré d’un artiste. Au XXe siècle, rares sont les chefs d’orchestre qui ont enregistré des oeuvres selon leurs volontés. Karajan, Ansermet sans doute. Ces deux artistes des années 50 à 80, faisaient à peu près ce qu’ils voulaient. Le public les suivait. A eux deux, ils ont vendu un nombre impressionnant de microsillons. Continuer la lecture de Une Troisième de Mahler si vivante, par Martinon

Vilde Frang, un Sibelius de glace

Vilde Frang est une jeune violoniste d’origine norvégienne, qui vient tout juste de signer un album chez EMI Classics, dédié aux Concertos de Sibelius et Prokofiev (Premier), avec Thomas Søndergård à la tête du WDR-Sinfonieorchester Köln.

Toute nouvelle version du grand chef-d’œuvre concertant de Sibelius ne saurait m’échapper – et oui, l’auteur de ces lignes est vissé à l’univers sibélien, sans pouvoir s’en démordre. Continuer la lecture de Vilde Frang, un Sibelius de glace