Premier geste discographique après son intronisation en tant que directeur musical des Berliner : la 5e Symphonie de Gustav Mahler. C’était à la fois faire allégeance au magister de Claudio Abbado, dont Mahler fut toujours le sujet, et acte d’émancipation. Continuer la lecture de Berlinade
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Folklore imaginé
La déploration avec orage qui ouvre les Cinq Chants populaires hongrois, habillé d’un orchestre atmosphérique et sombre, reste une des plus saisissantes page du catalogue vocal de Béla Bartók. Qui lui donna une telle intensité ? Julia Hamari, dont le chant angoissé de Magdalena Kožená semble se souvenir. Son mezzo plus leste saisira avec tout le piment nécessaire la troisième chanson, dans le luxe de timbres et de piques que Sir Simon Rattle tire des Pragois. Magnifique !, car son geste est intimement accordé à l’art de son épouse, qui sait dire autant que chanter.
La haute fantaisie qu’elle met au cycle de Berio où son art polyglotte n’a rien à envier à celui de Cathy Berberian en magnifie les adaptations infiniment savantes, son art évocateur culminant dans la chanson à la lune arménienne, cette façon d’empoigner le texte et d’étendre du même geste la ligne vocale… mais écoutez l’humour mordant, le timbre fier, la langue pimentée dont elle pare la fabuleuse Chanson d’adresse azerbaïdjanaise, sur le tambourin si caucasien que lui font les Tchèques.
Les Chansons grecques de Ravel sont divines de fantaisie, d’humour, de poésie et dans un si beau français !, avec toutes les épices d’un orchestre dont l’imaginaire se surpasse au long des exotiques Chansons nègres de Montsalvatge : ce charme, cet esprit, je ne les avais plus retrouvés ici depuis l’enregistrement de Victoria de los Ángeles.
Et si de Prague ils nous donnaient, pour poursuivre dans les merveilles de ce folklore imaginaire, tous les Chants d’Auvergne de Canteloube ? Magdalena Kožená m’a tenté avec ceux inclus dans le cycle de Berio : l’ambre du timbre, les mots si justes, la voix si flexible, tout la désigne pour être au disque la nouvelle interprète de ces merveilles.
LE DISQUE DU JOUR
Béla Bartók (1881-1945)
Cinq chants populaires
hongrois, Sz. 101, BB 108
Luciano Berio (1925-2003)
Folk Songs
Maurice Ravel (1875-1937)
Cinq mélodies populaires grecques, M.A 9, 10, 4, 5, 11
Xavier Montsalvatge (1912-2002)
5 Canciones negras
Magdalena Kožená, mezzo-soprano
Orchestre Philharmonique Tchèque
Sir Simon Rattle, direction
Un album du label Pentatone PTC5187075
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Télécharger ou écouter l’album en haute-d finition sur Qobuz.com
Photo à la une : la mezzo-soprano Magdalena Kožená –
Photo : © Julia Wesely
Centre-Europe
Tout un monde perdu rayonne dans les sombres nostalgies et les danses avides des Scènes de village que Bartók composa sur le motif en 1924. Transcriptions du réel ou folklore tendant vers l’imaginaire ? Magdalena Kožená les croque sur le vif Continuer la lecture de Centre-Europe
Opus ultimum
15 novembre 1987, pour son premier concert avec les Berliner Philharmoniker, Sir Simon Rattle osait la 6e Symphonie de Gustav Mahler, enflammant l’orchestre, cravachant le quatuor, violentant les cuivres, prenant d’assaut la Philharmonie par une lecture radicale que les Berlinois Continuer la lecture de Opus ultimum
Royaume perdu
Depuis quelques années, Sir Simon Rattle remet sur le métier son Pelléas et Mélisande. J’avais espéré la publication des concerts avec le Philharmonique de Berlin où Peter Sellars appliquait déjà sa mise en scène-espace – cela devait paraître en DVD Continuer la lecture de Royaume perdu