La parfaite horlogerie de Wieland Kuijken et de Gustav Leonhardt, plaçant les trois Sonates sur un orbe réglé par la course de l’ombre sur un cadran solaire, continue de me fasciner, mais comment ne pas céder au discours si latin que Diego Ares et Margaux Blanchard infusent ici ?
Un concert des goûts réunis à deux, si évident dans la lyrique sensible de la Sonate en sol majeur où Couperin paraît en filigrane par la lecture dorée qu’en délivrent un clavier et un archet savamment mêlés dans leurs ornements.
La viole de Margaux Blanchard a des timbres de voix humaine, ses notes pourraient être des mots, elle rend le discours touchant, alors que Diego Ares invite des décors et des danses par les splendeurs de son Humeau d’après Gräbner : tout un théâtre du sensible qui magnifie les trois opus.
Deux transcriptions pour la viole seule ou avec le clavecin s’ajoutent, mais la merveille reste l’effeuillage irréel qu’on croirait joué sur un instrument de songe, de la Sinfonia en sol mineur, qui me laisse espérer demain chez Mirare d’autres disques de Diego Ares.
LE DISQUE DU JOUR
À cembalo è viola da gamba
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Sonate pour viole de gambe et clavecin [No. 3] en sol mineur, BWV 1029
Sinfonia en sol mineur, BWV 797
Sonate pour viole de gambe et clavecin [No. 1] en sol majeur, BWV 1027
Partita pour violon seul No. 3 en mi majeur, BWV 1006 (extrait : I. Preludio ; arr. pour viole de gambe seule : Margaux Blanchard)
Sonate pour viole de gambe et clavecin [No. 2] en ré majeur, BWV 1028
Bist du bei mir, BWV 508 (version avec viole de gambe et clavecin)
Margaux Blanchard, viole de gambe
Diego Ares, clavecin
Un album du label Mirare MIR568
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Photo à la une : la gambiste Margaux Blanchard et le claveciniste Diego Ares – Photo : © DR