Gracieux fils de Pan

L’ombre de Peter Pears quittera-t-elle jamais les trois cycles pour ténor que Britten lui écrivit ? Elle paraît encore dans la voix longue, le ténor musqué à l’aigu ardent et pourtant liquide d’Andrew Staples, bonne pioche pour les trois cycles.

Ses Illuminations audacieuses et sensuelles font entendre un bon français qui se régale des fantaisies de Rimbaud. Le ton autrement sombre de la Sérénade, portée par le cor menaçant de Christopher Parkes, lui va également, aigus de brume, mots perdus ou mordants, le tout enveloppé d’un orchestre maritime qui ira fouiller les inventions étrange que Britten exige dans le Nocturne, où l’inspiration laisse toute la place à l’art, et là encore, la précision millimétrée de la direction de Daniel Harding qui doit se rappeler les différents moments de sa jeunesse en compagnie du Tour d’écrou, fait mouche.

Tant d’exactitude dans la poésie, voilà bien l’un des secrets de l’art de Britten que les Suédois magnifient : écoutez seulement le contre-chant du violon solo, les effets de chitarrone des cordes pizzicatos dans Antique.

LE DISQUE DU JOUR

Benjamin Britten (1913-1976)
Les Illuminations, Op. 18
Sérénade pour cor, ténor et cordes, Op. 31
Nocturne pour ténor,
7 instruments obligés et cordes, Op. 60

Andrew Staples, ténor
Christopher Parkes, cor
Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise
Daniel Harding, direction

Un album du label harmonia mundi HMM90267
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Photo à la une : le ténor Andrew Staples – Photo : © DR