Sixième station

Le voyage continue. Pierre Hantaï aura abordé Scarlatti de Rameau : à deux ans près, ils sont contemporains, l’occasion de porter cet éclairage singulier aura tôt fait d’exalter ce qui chez Scarlatti est absolument moderne comme chez Rameau ce qui sera révolutionnaire, les passages entre les deux univers sont flagrants : les accords de fandango de la Sonate, K. 119 et ceux de La Poule sont frères, arrachant du clavecin des musiques naturalistes stupéfiantes.

C’est justement cette Sonate à l’impertinent ré majeur qui ouvre le sixième volume de ce qui finira bien un jour par nous faire la plus géniale intégrale du clavecin de Scarlatti qu’on ait pu rêver et qu’on pourra placer juste en face du grand geste classique de Scott Ross sans avoir la sensation de doublonner quoi que ce soit.

Mais ici, Pierre Hantaï affute son clavier, fait danser avec une vitalité inextinguible, des doigts rapaces, tout ce qui chez Scarlatti est mouvement irrépressible. Quels caractères, quels élans, que de couleurs aussi dont l’imaginaire du claveciniste ne semble jamais rassasié.

Et lorsque tout doit simplement chanter comme dans les quelques sonates en andante, rares dans ce volume, la continuité impérieuse du phrasé, l’exposition solaire du chant évoquent bien sûr les grandes lignes que savaient si bien y tendre Gustav Leonhardt. Pourtant, c’est dans le Scarlatti qui danse, dans ce clavecin plein de fandango, ivre jusque dans ses splendeurs si ordonnées, que je vais d’abord me noyer. Suivez-moi !

LE DISQUE DU JOUR

Domenico Scarlatti (1685-1757)
Sonates, Vol. 6

Sonates K. 119, 179, 234, 501, 502, 69, 43, 384, 487, 170, 6, 550, 18, 544, 273, 161, 477

Pierre Hantaï, clavecin

Un album du label Mirare MIR422
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Photo à la une : le claveciniste Pierre Hantaï – Photo : © DR