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Entre deux mondes

Quoi faire du Concerto pour piano après Mozart ? Czerny se pose la question comme si ceux de Beethoven dont il fut l’élève, n’avaient pas existé. Étrange, et plus encore la réponse qu’il apporte en se coulant dans le modèle du concerto narratif illustré par Field ou Ries, et dont l’initiateur fut Weber avec son Konzertstück.

Non pas un anachronisme, mais une autre branche du romantisme qu’illustre parfaitement le Concerto en la mineur de 1829, dont l’Adagio est une merveille, et comme le joue Howard Shelley, comme en musardant, sans avoir l’air d’y toucher !

Pas de meilleur guide que lui dans ces opus souvent vétilleux, qui hésitent entre deux styles, peuvent se perdre dans des effets de manche comme le ton militaire dont se pare trop vertueusement le Concerto en fa de 1820 : orchestre et pianiste y sont un peu trop à la parade. Mais enfin, si l’on est assez artiste, cette musique révèle ses beautés, et Shelley les donne à entendre avec presque de l’ingénuité, discourant à foison avec ses musiciens des Antipodes.

C’est décidément tout comprendre de cet entre deux mondes où se forme le premier Romantisme, et lorsque le style virtuose s’en mêle, comme dans le capricieux Rondo brillant, c’est tout un univers disparu qui resurgit, délicieux, émouvant, si finement ressuscité.

LE DISQUE DU JOUR

Carl Czerny (1791-1857)
Concerto pour piano
en fa majeur, Op. 28

Concerto pour piano
en la mineur, Op. 214

Rondo brillant
en si bémol majeur, Op. 233

Howard Shelley, piano,
direction
Tasmanian Symphony Orchestra

Un album du label Hypérion CDA68138
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Photo à la une : © DR

Le maître des Diabelli

Il fallait se souvenir qu’en février 1952, Paul Baumgartner gravait pour la Deutsche Grammophon sur un somptueux Steinway et dans l’acoustique porteuse de la Beethoven-Saal de Hanovre une version parfaite des Variations Diabelli, architecture impeccable Continuer la lecture de Le maître des Diabelli

Née pour Schubert

Rien de plus difficile chez Schubert que cette entrée en accords mystérieux qui ouvre la Sonate en la mineur, D. 784. Bientôt va se lever une tempête. Il faut la sentir venir dès la première note, ne pas trop traîner, former le phrasé en le tendant imperceptiblement, ce qui ne se fait que par le jeu sur l’harmonie, la répartition du poids des doigts dans les accords qui soudain Continuer la lecture de Née pour Schubert