Un « debut-recital » ? Pas tout à fait. Kian Soltani, qui célèbre ici par deux opus anecdotiques (dont un de sa plume) ses ascendances iraniennes, l’aurait risqué en cumulant les pièces brèves, mais un doublé Schubert–Schumann fait tout le contraire Continuer la lecture de Jeune homme au violoncelle
Archives par mot-clé : Franz Schubert
Décanter
Marc-André Hamelin, le plus virtuose des pianistes de sa génération, qui aura commencé sa carrière discographique avec les œuvres les plus ardues du répertoire en vient aujourd’hui à Schubert. Un premier album Continuer la lecture de Décanter
Schubert d’automne
Un premier album dévolu aux deux Sonates de Johannes Brahms avait montré la fusion parfaite entre Marie-Elisabeth Hecker et Martin Helmchen, partenaires dans la vie comme en musique Continuer la lecture de Schubert d’automne
Du tragique
Un récital de Fantaisies qui ne prend pas celle de Schumann pour prétexte, c’est rare, mais cela ne m’étonne guère venant d’une pianiste aussi artiste qu’Anna Tsybuleva.
Mieux, elle lui préfère pour pivot de son premier album la Wanderer-Fantasie de Schubert, et quelle ! Elle ne prête aucune attention à son ut majeur que tous claironnent Continuer la lecture de Du tragique
Simplicité
Ce n’est pas la première fois que François Chaplin, si justement fêté dans Debussy, vient au piano viennois. Ses Impromptus de Schubert, subtilement intranquilles, montraient déjà une adéquation avec cette langue si singulière. Le voici au début de ce que j’espère un parcours Mozart, avec deux grands concertos dont la discographie est pléthorique, et un orchestre modeste mais si justement accordé à son propos : la simplicité de son geste, une sorte de pureté sans raideur s’y reflètent dans ce que tout concerto de Mozart est d’abord : une grande musique de chambre.
Adieux donc les accents pathétiques, les grands gestes qui voudraient faire croire que Beethoven s’était glissé à priori et contre toute chronologie, chez Mozart pour les concertos en vingt, le discours du sensible, et une certaine tendresse qu’on trouvait jadis chez Lili Kraus et chez Ingrid Haebler dans ces deux mêmes opus, règlent tout, enveloppent tout dans une pudeur qui commande des tempos jamais étales : le célèbre Adagio du la majeur ne dissout rien, mais chante très allant pour que sa peine soit plus irrépressible justement à force de pudeur : la petite musette consolatrice des bois peut paraître alors, si logique, si désarmante, comme si un ensemble de Cosi fan tutte venait là soudain.
Pour le la majeur, la cause est gagnée, mais figurez-vous que pour l’ut mineur aussi. Débarrassé de ses références à Don Giovanni, dés-assombri, François Chaplin y traque avec des discrétions de poète toutes les demi-teintes, les repentirs, les hésitations que tant de pianistes auront raidis en déclamant, se prenant eux aussi pour l’orchestre du tutti qui ouvre l’Allegro.
Hors, François Chaplin rentre piano et interroge comme peu l’auront fait, sans rien alourdir. Tout du long, cet art de la suggestion change drastiquement le visage de l’œuvre, comme jadis le fit en concert plus qu’en ses disques Murray Perahia. Cette manière de jouer dans le retrait du son, de laisser tout suggérer, de ne rien souligner, Cédric Tiberghien la possède aussi, il viendra probablement aux concertos un jour, mais c’est François Chaplin qui dans nos pianistes français aura le premier tenté cette réappropriation par le tendre, cette éclaircie par le sensible, vertus éminemment mozartiennes qu’on ne voulait plus voir, surtout plus faire entendre.
Ah, autre chose : écoutez la cadence de l’Allegro de l’ut mineur, de la main du pianiste. Elle fera flores.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre No. 23 en la majeur, KV 488
Concerto pour piano et orchestre No. 24 en ut mineur, KV 491
François Chaplin, piano
Orchestre Victor Hugo Franche-Comté
Jean-François Verdier, direction
Un album du label Aparté AP160
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Photo à la une : © Caroline Doutre