Eternel

James Bowman en avait fait une de ses gloires, Iestyn Davies et Lea Desandre s’y répondent : « Eternal source of light divine », l’air hypnotique, sommet de l’Ode pour l’anniversaire de la Reine Anne, ouvre ce disque aux trésors haendéliens que Thomas Dunford et ses amis de Jupiter ont voulu abondant : quatre-vingt-six minutes.

Le panorama, pour vaste qu’il soit, reste à Londres et côté oratorio, célébrant un certain idéal vocal qu’Alfred Deller réinventa pour notre temps. Iestyn Davies, de sa voix si expressive et si simplement belle, si touchante, ne peut pas renier cette filiation évidente, mais le mezzo androgyne de Lea Desandre semble aussi y faire allégeance. L’un et l’autre, dans les sertissages poétiques de Jupiter, délivrent des trésors d’émotion au long de cette quasi heure et demie où une vocalité élégiaque suspend le temps (l’air d’Irene « As with rosy steps the morn »), où la virtuosité reste toujours ailée : « Despair no more shall wound me » emporté d’une voix de plume par Iestyn Davies, émerveille.

Tiendrait-on là le disque parfait pour inviter à la découverte de cette part du continent Haendel ? Je crois bien que oui.

LE DISQUE DU JOUR

Eternal Heaven

Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Airs et/ou Duos, extraits de : Ode for the Birthday of Queen Anne (HWV 74), Theodora (HWV 68), The Choice of Hercules (HWV 69)*, Hercules (HWV 60)*, Semele (HWV 58), Solomon (HWV 67), Susanna (HWV 66), Saul (HWV 53), Joseph and his Brethren (HWV 59), The Triumph of Time & Truth (HWV 71), Occasional Oratorio (HWV 62), Esther (HWV 50b)
Suite en ré mineur, HWV 437 (extrait : III. Sarabande – arr. pour ensemble : James Halliday)
Doug Balliett (né en 1983) / Thomas Dunford (né en 1988)
That’s so you

Lea Desandre, mezzo-soprano
Iestyn Davies, contre-ténor
[Ensemble] Jupiter
Thomas Dunford, luth, direction

Un album du label Erato 5054197196775
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Photo à la une : la mezzo-soprano Lea Desandre, le contre-ténor Iestyn Davies et le luthiste Thomas Dunford – Photo : © Julien Benhamou/Warner Classics