Acmé

Alfred Cortot l’avait prédit : Florence Delaage serait vouée à Beethoven, seconde de ses proches élèves à ceindre cette couronne après Yvonne Lefébure. Nikolaos Samaltanos a eu raison de saisir dans une belle prise de son le voyage émouvant où la pianiste, sur un Bechstein chantant, au médium boisé, résume son art.

Pas d’effet, une grande ligne unifiant les trois opus, un cantabile dolce qui serre le cœur, une manière d’aller au feu sans crainte, et de s’y dépasser (on songe à Edwin Fischer), et cette main gauche qui tonne ou apaise, du grand art vraiment, saisissant la progression vers le céleste commencé dès les variations du Gesangvoll de la Trentième.

Ce qui pourra manquer à certains d’abrupt dans le Maestoso de la Sonate Op. 111 est remboursé par l’ampleur du discours, la noblesse des phrasés, et cet héroïsme ample qui même dans l’éclat, au sein même de la tempête, dit d’abord. Puis l’élévation suprême de l’Adagio, si profondément dans le piano, ascension vers l’intemporel.

Oui, Florence Delaage a réussi son voyage.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 30 en mi majeur, Op. 109
Sonate pour piano No. 31 en la bémol majeur, Op. 110
Sonate pour piano No. 32 en ut mineur, Op. 111

Florence Delaage, piano

Un album du label Melism MLS-CD-029
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Photo à la une : la pianiste Florence Delaage – Photo : © DR