Janus

L’Ouverture, foisonnante, emplie d’ostinatos, d’une suractivité entêtante, signe bien la manière de jeunesse de Grażyna Bacewicz. On est en 1943, sa plume fait assaut de virtuosité, persiffle, elle gagne sa réputation d’enfant terrible de la nouvelle musique polonaise qui la portera au devant de la scène nationale et lui vaudra cinq ans plus tard la commande d’un Concerto pour le Concours Chopin où sa plume s’assagit à peine derrière les décors de mazurkas, Peter Jablonski faisant entendre l’ambivalence d’une œuvre qui n’est pas que de cérémonie.

Quel contraste dès le brasier qui ouvre le Concerto pour deux pianos, partition de l’absolue maturité et chef-d’œuvre de son catalogue, musique fascinante où les claviers fusent dans les percussions pour mieux se suspendre ensuite en des éthers. Peter Jablonski et Elisabeth Brauß s’immergent dans ces portées saisissantes, Nicholas Collon ardant un orchestre flamboyant et mystérieux.

La bascule se sera produite à la fin des années cinquante, comme le prouve la Musique pour cordes, trompette et percussions, écho non dissimulé à l’œuvre de Bartók avec ses trois groupes instrumentaux, ses recherches sonores, son âpreté conflictuelle que Nicholas Collon expose avec une certaine véhémence, soulignant l’aspect radical de cet opus où Grażyna Bacewicz balisait le devenir de sa langue si singulière.

LE DISQUE DU JOUR

Grażyna Bacewicz
(1909-1969)
Ouverture
Concerto pour piano et orchestre
Concerto pour deux pianos et orchestre
Musique pour cordes, trompette et percussion

Peter Jablonski, piano
Elisabeth Brauß, piano II
Finnish Radio Symphony Orchestra
Nicholas Collon, direction

Un album du label Ondine ODE427-2
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Photo à la une : le chef Nicholas Collon – Photo : © Benjamin Ealovega