Retable

Nativité, Passion, Résurrection, voilà les trois volets du triptyque qu’André Caplet composa en 1923, deux années avant sa mort prématurée causée par les suites de son intoxication au gaz d’ypérite dans les tranchées de la Marne.

Cet opus serait-il le trésor absolu, à égalité avec les Requiem de Fauré et de Duruflé, de la nouvelle musique française ? Le soleil diapré qui enveloppe les élans de la Nativité fait un Noël somptueux, rendu quasi érotique par le geste ardent d’Howard Arman. Debussy, le maître chéri, et ici celui du Martyre de Saint Sébastien, n’est pas loin.

La désolation du jardin où commence la Passion, ce paysage de cendres, n’est-il pas celui de Verdun ? Terribles Flagellation et Couronnement d’épines : les poèmes d’Henri Ghéon sont décidément transparents jusque dans les appels de la Résurrection où le chœur fait comme une trompette avant que la mezzo n’entonne le récit du miracle.

La mezzo, c’est Anke Vondung, fabuleux Octavian, qui nous avait caché jusque-là son si beau français, d’ailleurs le chœur est tout aussi idéal, et je crois bien que, pour la première fois, la version avec grand orchestre de cordes se voit enregistrée, donnant à ce chef-d’œuvre mystique toute son ampleur.

Ceux qui préfèrent l’intimité de la version de chambre (sacrée), retourneront à la gravure d’Hanna Schaer et de Bernard Tétu, en espérant qu’un jour soit exhumé des archives de l’INA le sublime concert réunissant Irma Kolassi et les musiciens de Pierre Capdevielle.

LE DISQUE DU JOUR

André Caplet (1878-1925)
Le miroir de Jésus,
mystères du Rosaire

Anke Vondung,
mezzo-soprano
Chor des Bayerischen Rundfunks
Münchner Rundfunkorchester
Howard Arman, direction

Un album du label BR-Klassik 900342
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Photo à la une : le chef de chœur Howard Arman –
Photo : © 2017 Astrid Ackermann