Vers les nouveaux mondes

La Kammersymphonie Op. 9 serait-elle une des obsessions d’Heinz Holliger ? Arnold Schönberg y laisse encore palpiter le cœur lyrique de Gustav Mahler, mais l’y fragmente. Cet art de perdre la direction, cette dilection pour les apartés, les parenthèses, les nouveaux sujets qui viennent bousculer le discours, la suractivité un rien hystérique, tout cela Holliger l’empoigne avec une ivresse qui rend la partition irrésistible, emplie de détails fabuleux que saisit une prise de son inquisitrice. D’ailleurs, la Symphonie de Webern qui suit dans le disque obéit aux mêmes procédés.

Holliger n’aura pas résisté à « colorer » les Kleine Stücke fur Klavier Op. 19, transformant leurs aphorismes en tableaux. Il y a du Klee soudain dans ces « papillons » fantasques, c’est bien vu et assez désarçonnant, surtout le tuilage est parfait avec l’Opus 5 de Webern, soudain la cohérence de la Seconde Ecole de Vienne, de tout ce qui n’est pas individuel dans leur méthode, saute aux oreilles.

Un regret : qu’Heinz Holliger n’ait pas osé placer en coda la Kammersymphonie de Schreker, si proche et si lointaine pourtant des opus réunis ici ; elle aurait pourtant tenue.

LE DISQUE DU JOUR


Arnold Schönberg
(1874-1951)
Kammersymphonie No. 1,
Op. 9

6 kleine Stücke, Op. 19
(version pour orchestre : Holliger)

Anton Webern (1883-1945)
Symphonie, Op. 21
5 Sätze, Op. 5

Orchestre de chambre de Lausanne
Heinz Holliger, direction

Un album du label Fuga Libera FUG794
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Photo à la une : le chef d’orchestre Heinz Holliger – Photo : © DR