Classicisme

Le jeu supra-élégant, clavier de perle d’eau, comme coulé d’un autre âge pianistique, pourra surprendre venant d’Elisabeth Leonskaja. Ses Schubert ombrageux, son Mozart solide, ne laissaient pas prévoir un Beethoven au fond tant vu justement de Mozart.

Non pas que le caractère en soit absent. Mais dans le Troisième Concerto que l’on peut jouer comme un drame (ce que faisaient Annie Fischer ou Lars Vogt), ce geste impérial, cette clarté qui refuse la tension veulent proclamer ici une perfection qui regarde vers un classicisme pourtant jamais marmoréen. La finesse du jeu et de l’entendement de la pianiste, secondée avec art par la direction modelée de Tugan Sokhiev, ne négligent pas les ombres, mais ne les assombrissent pas.

Si le Troisième Concerto peut laisser un rien distant, le Quatrième, joué lui aussi en classique, atteint à d’autres sommets de poésie, Allegro plein de délicatesse, Andante recueilli dont la prière murmurée sait être émouvante, Finale sur les pointes, en couleurs subtiles, décidément très mozartien. Est-ce le premier volet d’une intégrale ?

LE DISQUE DU JOUR


Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 4 en sol majeur, Op. 58
Concerto pour piano et orchestre No. 3 en ut mineur,
Op. 37

Elisabeth Leonskaja, piano
Orchestre National du Capitole de Toulouse
Tugan Sokhiev, direction

Un album du label Warner Classics 5054197263095
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Photo à la une : la pianiste Elisabeth Leonskaja – Photo : © Marco Borggreve