Opus 1

Un monde nouveau, plutôt qu’un nouveau chemin ? C’est ce que proclame un beau jeune homme blond à la face de Robert Schumann en lançant les orages et les méditations d’une Sonate qui est d’abord un geste, conquérant de nouveaux espaces quasi orchestraux.

Mari Kodama place en postlude à son émouvant disque le Widmung de Schumann rendu au seul clavier par Clara, manière de faire paraître le troisième personnage de ce point de bascule.

Le génie de Brahms dans cet Opus 1 est encore plus saillant dans la nudité de l’Andante, ce thème tout simple et nu qui pourrait être déjà un thème de l’ultime Schumann, un autre « Gesänge der Frühe », que dans les orages. Personne n’aura osé avant lui cette manière de simplicité éclairante que viendront troubler d’à peine variations n’abdiquant pas le minimalisme du thème.

Mari Kodama fait entendre tout cet étrange avec une science des suspensions qui rend le silence musical au possible, et dans le terrible final elle invite un orchestre dompté par ses mains puissantes qui n’assènent jamais, pour mieux faire rayonner l’harmonie jusque dans les éclairs. Magnifique !, comme pour les de cahiers de Variations, qui sont du Brahms le plus secret et le plus douloureux, si difficile à dire.

Alors oui, une telle osmose avec le jeune Brahms laisse espérer que demain elle nous offre aussi l’ultime visage de cet autre monde, les Klavierstücke et les Intermezzi.

LE DISQUE DU JOUR

New Paths

Johannes Brahms
(1833-1897)
Sonate pour piano No. 1 en
ut majeur, Op. 1

Variations sur un thème de Robert Schumann, Op. 9
Thème et variations, Op. 18b
Robert Schumann
(1810-1856)
Widmung (No. 1, extrait des « Myrthen, Op. 25 » – arr. pour piano solo : Clara Schumann)

Mari Kodama, piano

Un album du label Pentatone PRRC5186976
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Photo à la une : la pianiste Mari Kodama – Photo : © Lyodoh Kaneko