La violette

Longtemps, l’instrument à cordes frotté médian, violetta, französische Haute-Contre, viola prima vel secundo, celui qui allait devenir l’alto, demeura un seul renfort, les virtuoses le délaissaient, l’irruption omniprésente du violon allait l’engloutir dans l’orchestre, mais c’était sans compter sur les polyphonistes germains, sur Bach, et plus encore sur Telemann, amoureux des timbres médians.

Bach lui donnera de quoi contre-chanter dans ses Passions, Keiser le mettra à l’honneur dans ses opéras, Telemann sera le premier à lui écrire un concerto.

Antoine Tamestit, conscient de ce rôle historique, rend hommage à cette plume toujours prolixe en ajoutant à ce Concerto brillant, où une teinte française sourd déjà, qui s’augmentera encore dans le Concerto à deux altos, merveille qui enchaîne quatre brève respirations de musique (le Gaÿ est touchant), deux subtiles Fantaisies transposées de l’original pour violon, et la Sonate canonique pour deux altos.

La fête s’introduit puis se prolonge au seul orchestre, petit théâtre de comédie italienne de l’Ouverture burlesque, Suite dans l’esprit français (La Changeante), toutes deux brossées avec esprit par l’Akademie für Alte Musik, rappelant le génie universel d’un musicien pratiquant avec bonheur les goûts réunis.

LE DISQUE DU JOUR

Georg Philipp Telemann (1681-1767)
Ouverture burlesque en si bemol majeur, TWV 55:B8
Concerto pour alto en sol majeur, TWV 51:G9
Sonate canonique pour deux altos en ré mineur, TWV 40:121
Fantasia en ut majeur, TWV 40:15 (version pour alto)
Ouverture-suite en sol mineur, TWV 55:g2 « La changeante »
Fantasia en mi bémol majeur, TWV 40:14 (version pour alto)
Concerto pour deux altos en sol majeur, TWV 52:G3

Antoine Tamestit, alto
Sabine Fehlandt, second alto
Akademie für Alte Musik Berlin
Bernhard Forck, concert master

Un album du label harmonia mundi 902342
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Photo à la une : l’altiste Antoine Tamestit – Photo : © DR