Épique

La pandémie aura eu du bon pour les studios d’enregistrements, sans concerts les musiciens seront rentrés dans leurs ateliers pour mettre ou remettre sur le métier des œuvres qui les auraient attendues plus longtemps et pas forcément pour mieux.

Pour Boris Giltburg, 2020 fut placé sous le signe de Beethoven. Jusque-là, un premier disque enregistré en 2015 présentant trois sonates l’avait montré plutôt discret, musicien toujours, Beethovénien, cela restait à prouver.

Il aura fait table rase de ses hésitations, engagé dans un projet pour la vidéo où au long d’une année la caméra de Stewart French l’aura saisi sous sa focale. Peu de montage, le but était de capter une sonate jouée de bout en bout, et même de s’engager de A à Z dans tout le cycle, ce qui suppose d’en avoir saisi la complétude. Eh bien, c’est admirable d’engagement, de prise de risque – quitte à peu corriger dans la « Hammerklavier », mais l’on est remboursé par l’élan, le feu – et simplement absolument beethovénien par l’urgence du geste, le ton capricieux, les foucades improvisés, l’humeur jusqu’au péremptoire, cette humeur qui si souvent manque aux nouveaux interprètes de Beethoven.

Vous irez de surprises en surprises, la réalisation sonore étant médusante plus d’une fois, vous serez emportés par le plaisir physique qui éclate dans ce clavier orchestral : écoutez seulement le Finale de la Waldstein où la rage et la grâce dansent ensemble dans des paysages inouïs. Cinq ans après son premier album, Boris Giltburg a trouvé ici les chemins du nouveau monde sonore que Beethoven invente. Admirable voyage dont Naxos publie le son avant même qu’on en ait les images.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Les 32 Sonates pour piano
Boris Giltburg, piano

Un coffret de 9 CD du label Naxos 8.509005
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Photo à la une : le pianiste Boris Giltburg – Photo : © DR