La fin du monde

Manfred Honeck retient le premier temps de l’Allegro non troppo, prenant à contrepied Carlos Kleiber, qui le coulait dans la respiration globale du mouvement et d’ailleurs de toute la symphonie.

L’automne que Kleiber célébrait dans sa si fluide Quatrième de Brahms, Manfred Honeck entend l’ignorer, la toute puissance de la forme le fascine autrement que les couleurs, les arcanes savantes de l’écriture requièrent son art, quitte à ne plus laisser qu’apparaître fugitivement la nostalgie de l’Andante moderato, mais qui si bien que lui aura su faire entendre ses complexités harmoniques, et soudain respirer la grande phrase des cordes dans le grave aussi « caloroso » ? L’Allegro giocoso est hérissé, proclamé (le souvenir de Reiner ?), il induit soudain une tension qui éclatera dans un Finale d’anthologie, conduit en une suite de crescendos irrépressibles où soudain reparaît l’orchestre-tempête du jeune Brahms.

Mais l’ampleur des vents, la puissance du quatuor d’orchestre, le geste apocalyptique du chef qui conduit la grande passacaille finale jusqu’à l’hallucination dévoile un monde qui disparaît dans le chaos, lecture stupéfiante qui en perdra plus d’un.

Ils se rassureront avec le grand Larghetto que James MacMillan aura déduit de son si émouvant Miserere en répondant à une commande de l’orchestre pour célébrer les dix ans du magister de Manfred Honeck.

Et si vous ne trouvez pas les chemins de cette singulière proposition dans la , lisez l’analyse mouvement à mouvement qu’en donne le chef dans un livret aussi pertinent que l’enregistrement.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie No. 4 en
mi mineur, Op. 98

James MacMillan (né en 1959)
Larghetto for Orchestra

Pittsburgh Symphony Orchestra
Manfred Honeck, direction

Un album du label Reference Recordings FR-744SACD
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Photo à la une : le chef d’orchestre Manfred Honeck – Photo : © DR