Atelier

À Zürich, Nikolaus Harnoncourt aura bâti la part majeure de son legs lyrique, depuis le légendaire cycle Monteverdi réglé par Jean-Pierre Ponnelle. Mais il y eut aussi pléthore de concerts avec le Philharmonia Zürich tiré de la fosse, durant les trente-six années de sa présence dans la citée helvétique, et c’est à l’orchestre seul qu’il fit ses adieux en novembre 2011.

La 5e Symphonie de Beethoven fit couler pas mal d’encre, lecture échevelée, révolutionnaire par ses tempos cravachés et ses allures de folie théâtrale, un monde d’excès qui ne cesse de surprendre et que de précieuses séquences de répétitions des 2e et 3e mouvements (hélas pas du premier) éclairent en partie. C’est nous faire entrer dans « l’atelier Harnoncourt » et montrer le sorcier en action.

Ce concert désormais historique s’ouvrait chez Mozart, avec la « Gran Partita » de Mozart, jouée comme un théâtre d’ombres, emplie de silences disposés comme autant de ponctuations mystérieuses, surprenant toujours (le vielle à roue qu’il fait entendre dans un Adagio pris quasi andantino, sa signature !), irritant toujours, et toujours renouvelant l’écoute.

Une interprétation ? Non, à la fin de sa vie, Nikolaus Harnoncourt s’était définitivement débarrassé de cette chimère, il continuait à traquer la vérité, sa vérité, tout n’était plus qu’expérimentation, et les œuvres autant d’ateliers ouverts à son art. Fascinant concert, édité à la perfection dans ce beau petit livre-disque à l’iconographie choisie, hommage magnifique à ce génie qui nous manque.

LE DISQUE DU JOUR

Farewell
from Zürich

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sérénade No. 10 en si bémol majeur, K. 361 « Gran Partita »
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 5 en ut mineur, Op. 67

Philharmonia Zürich
Nikolaus Harnoncourt, direction

Un album de 2 CD du label Prospero Classical PROSP0020
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Photo à la une : le chef d’orchestre Nikolaus Harnoncourt, en 2011 – Photo : © Marco Borggreve