Lieder

Le ton ténébreux, les élans dramatiques de la Sonate en mi mineur ne trouvent pas naturellement l’archet diseur d’Emmanuelle Bertrand, ni le piano si suggestif de Pascal Amoyel, en fait le disque commence à la plage 4 pour ce que les interprètes nomment « Sechs Liebeslieder », commencé par la longue phrase de baryton de Feldeinsamkeit. Emmanuelle Bertrand y a-t-elle entendu Hans Hotter ? Elle timbre et respire comme lui.

Le duo fait merveille tout au long de cette collection de lieder et particulièrement dans Sapphische Ode, il prolonge leur veine lyrique au long de la si émouvante Sonate en fa majeur, jouée dans un ton d’intimité crépusculaire, Pascal Amoyel transmue les cordes de son piano en ondes, pour mieux les marier avec les sonorités irréelles qu’Emmanuelle Bertrand tire de son violoncelle-baryton, tout un automne y chante.

Postlude à la limite du silence : Immer leiser wird mein Schlummer chante sa peine dans une ombre mordorée, cet archet dit un poème. Magnifique conclusion d’un disque exigeant.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)
Sonate pour violoncelle et piano No. 1 en mi mineur,
Op. 38

Sonate pour violoncelle et piano No. 2 en fa majeur,
Op. 99

Feldeinsamkeit, Op. 86 No. 2 (arr. pour violoncelle et piano)
Wie Melodien zieht es mir leise durch den Sinn, Op. 105 No. 1 (arr. pour violoncelle et piano)
Sapphische Ode, Op. 94 No. 4 (arr. pour violoncelle et piano)
Wiegenlied, Op. 49 No. 4 (arr. pour violoncelle et piano)
Liebestreu, Op. 3 No. 1 (arr. pour violoncelle et piano)
Minnelied, Op. 71 No. 5 (arr. pour violoncelle et piano)
Immer leiser wird mein Schlummer, Op. 105 No. 2 (arr. pour violoncelle et piano)

Danse hongroise No. 1 en sol mineur, WoO 1 No. 1 (Allegro molto)
Danse hongroise No. 5 en fa dièse mineur, WoO 1 No. 5 (Allegro)

Emmanuelle Bertrand, violoncelle
Pascal Amoyel, piano

Un album du label harmonia mundi HMM902329
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Photo à la une : la violoncelliste Emmanuelle Bertrand et le pianiste Pascal Amoyel – Photo : © Jean-Baptiste Millot