Deux pianoforte. Pour le grand giocoso du « Jeunehomme », un très sonore Paul McNulty d’après un Stein de 1788, et pour la pastorale en demi-teinte du 17e une merveille de fluidité et de poésie distillée par un Walter circa 1792 au médium chantant, aux basses amples, aux aigus adamantins.
17e Concerto, celui-là même que dans un disque pionnier Ralph Kirkpatrick enregistra sur un pianoforte, y apprivoisant l’Andante aux mélancolies un rien tragiques avec un art du phrasé que l’on retrouve chez Olga Pashschenko.
Aurait-elle entendu ce rare microsillon avant de s’immerger dans la partition ? Elle en saisit la veine capricieuse, le ton joueur et changeant, les ombres dans la lumière, et fait sonner la petite tempête du Finale (où Nicolas Derny, auteur d’une notice documentée, entend une « farce », vraiment ?) avec une variété de sonorité qui me rappelle Edwin Fischer.
Si le compliment n’est pas mince, il est pourtant mérité. Qu’Olga Pashchenko ait voulu enregistrer deux concertos écrits pour des demoiselles – Babette Ployer est la récipiendaire du 17e – ne doit pas l’empêcher de poursuivre demain l’exploration des autres concertos que Mozart se sera souvent écrit pour lui-même, car, après l’intégrale de Viviana Sofronitzky, elle renouvelle l’approche d’un corpus qu’on ne cessera pas de revisiter, et a trouvé dans Il Gardellino, où les bois sont inspirés par Marcel Ponseele, mieux qu’un orchestre, tout l’esprit de Mozart, l’invitant à jouer dans les tutti, et à orner plus avec le soin d’exprimer que de briller.
Mais je retourne à l’Andante du 17e, où elle apprivoise le silence. Quelle musicienne !
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour clavier No. 9
en mi bémol majeur, K. 271
« Jeunehomme »
Concerto pour clavier No. 17 en sol majeur, K. 453
Olga Pashchenko, pianoforte
Il Gardellino
Un album du label Alpha Classics 726
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Photo à la une : la claviériste Olga Pashchenko – Photo : © Yat Ho-Tsang