Sévère le tendre

Les virtuoses français de la nouvelle génération reviennent à la pratique de la musique de chambre avec des bonheurs sans mélange.

Nouveau témoin, un album où la clarinette ambre et lune de Raphaël Sévère joue trois des quatre opus que Brahms dédia à cet instrument. Ce n’est pas lui qui ouvre le Trio en la mineur, mais le violoncelle de Victor Julien-Laferrière, si éloquent et si sobre à la fois. Le piano d’Adam Laloum met une ponctuation proche du silence et la clarinette déploie sa première phrase interrogative. L’équilibre entre les trois jeunes hommes, la concentration commune de leur jeu qui cherche l’ombre, la confidence, vont droit au cœur de ce Trio où tout le lyrisme de Brahms semble concentré.

Les deux Sonates pour clarinette reprennent la même exploration d’une échelle dynamique allant vers le silence. Musique ténue et éloquente à la fois, toucher léger, aérien d’un piano tout en camaïeux, phrasés en apesanteur d’une clarinette à la sonorité magique, sombre, presque cor de basset.

Les échanges et les mariages des deux instrumentistes sont d’une poésie irrésistible, pas entendue depuis celle trouvée jadis par Karl Leister et Jorg Demus.

Et maintenant, Mirare nous doit le Quintette, avec les Modigliani !

LE DISQUE DU JOUR

cover severe brahms mirareBRAHMS
(1833-1897)
Trio pour clarinette, violoncelle et piano, Op. 114,
Sonate pour clarinette et piano No. 1 en fa mineur, Op. 120 No. 1,
Sonate pour clarinette et piano No. 2 en mi bémol majeur, Op. 120 No. 2

Raphaël Sévère, clarinette
Victor Julien-Laferrière, violoncelle
Adam Laloum, piano

Un album Mirare MIR250

Photo à la une : (c) DR