Artur Schnabel fut son maître ; Busoni, surpris par la qualité de son jeu, lui octroya en 1923 une grande leçon de trois heures sur les Variations Goldberg, Carlo Zecchi menait déjà alors une belle carrière, malgré ses petites mains Continuer la lecture de Le retour du magicien
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Jeune Serkin
Le 3 novembre 1936, Rudolf Serkin gravait pour His Master’s Voice dans le Studio 1 d’Abbey Road les onze faces d’une Appassionata qui aura posé un modèle pour toutes celles à venir. L’élan des phrasés Continuer la lecture de Jeune Serkin
Raretés mahlériennes
Arnold Schoenberg dirigeant l’Andante de la Résurrection de Gustav Mahler, le seul modèle qu’il eut jamais ? Mais oui, cela existe. Et a même été enregistré : Schoenberg le dirige en Viennois Continuer la lecture de Raretés mahlériennes
Piano-Lyre
« Verdammt ! » se serait exclamé Wilhelm Kempff lors d’une de ces cessions beethoveniennes des années trente : dans le tempo infernal qu’il avait choisi, un trait de la Hammerklavier se refusait. Il faut dire Continuer la lecture de Piano-Lyre
Le Disciple
L’essentiel du legs regroupé ici – l’intégrale des enregistrements réalisés par Egon Petri pour la Columbia et Electrola entre les débuts de l’enregistrement électrique (1929) et l’apparition du microsillon (1951) – avait déjà paru en 3 double CD chez APR au cours des années 1990.
Mark Obert-Thorn les a revisités, corrigeant les pitchs, redonnant de la présence – dynamiques, couleurs, définitions – à nombre d’entre eux, et ajoutant ses propres transferts de la Chaconne de Bach/Busoni, des Rhapsodies de Brahms et de si surprenants Préludes de Chopin gravés en 1942 alors que le pianiste s’était définitivement exilé aux États-Unis.
L’affaire est entendue, Egon Petri est un génie. Ceux qui en doutent resteront ébahis devant ce piano immense et grondeur, ce jeu vif, toujours rapide, emporté et pourtant précis, qui saisit autant chez Beethoven – sa Hammerklavier, son Op. 111 sont demeurés légendaires – que chez Bach, Schubert, ou Brahms (Ballades venues d’un autre monde, Klavierstücke Op. 118 exaltés malgré un piano sensiblement désaccordé, d’ailleurs les matrices restèrent inexploitées jusqu’à ces repiquages des années 1990).
De nationalité néerlandaise, mais né à Hanovre, éduqué par son père le violoniste Henri Petri (Busoni lui dédia son Concerto et ses Sonates, trois partitions écrites pour lui) dans la plus pure tradition saxonne – la famille s’était établie à Dresde – Egon Petri apprit son art de toucher le piano auprès de Busoni. Le compositeur de Doktor Faust lui transmit bien plus que son rapport si naturel au clavier, il lui fit partager son univers culturel, au point que Petri devint son disciple : toujours il jouera Busoni, avec autant d’ardeur que Beethoven.
Ceux qui connaissent son art par ses tardifs microsillons Westminster des années cinquante lui trouveront un jeu autrement vif ici, mais déjà ce même art de timbrer sidérant qui abolissait les marteaux. Sa science du toucher est restée légendaire, à l’égal de celle d’un Gieseking, mais la puissance de ses conceptions, l’ardeur de son jeu, l’éloquence sans grandiloquence de son style sont pleinement réalisées dans ces enregistrements où la gravure directe sur 78 tours capturait le grain si spécial de sa sonorité.
Une somme essentielle, un témoignage majeur sur un certain art de jouer du piano, d’envisager la musique, qui se sont à jamais perdus.
LE DISQUE DU JOUR
Egon Petri
The Complete Columbia and Electrola Solo and Concerto Recordings, 1929-1951
Œuvres de Beethoven, Brahms, Busoni, Chopin, Franck, Liszt
Egon Petri, piano
Un coffret de 6 CD du label APR 7701
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Photo à la une : © DR