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Révélation

Concours Van Cliburn édition 2022, le miracle Yunchan Lim paraît, gagnant à sa cause le jury et le public. Comment ne pas applaudir devant ce Troisième Concerto de Rachmaninoff mené de main de maître, où la virtuosité est invisible, se devine simplement par ces raptus fulgurants qui fouettent un Finale épique dont Marin Alsop et l’orchestre local savourent les foucades.

Impossible de prendre le jeune homme en faute : sans une once de sentimentalité le second thème de l’Allegro ma non troppo, sans esbrouffe la cadence, l’Intermezzo tenu (mais sans fantaisie dans l’échappée belle où la sonorité magique de Jorge Bolet inventait soudain d’autres paysages), simplement une certaine uniformité du jeu et des intentions, une ligne un peu trop droite toujours, qui pourtant ne laissent pas deviner la moindre once de stress.

Miracle ? Je dois bien l’avouer : ses Transcendantes de Liszt, tant fêtées, ses Etudes de Chopin m’avaient laissé au bord du chemin, sonorité crispée, geste drastique, un virtuose oui, mais un poète ? L’écho du concours le montre autrement musicien, probablement sans le souci du disque, de récentes Goldberg à Paris en auront bluffé plus d’un, et si Decca le préférait désormais dans les risques du concert plutôt que dans la sécurité du studio ?

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninoff
(1873-1943)
Concerto pour piano et orchestre No. 3 en ré mineur, Op. 30

Yunchan Lim, piano
Fort Worth Symphony Orchestra
Marin Alsop, direction

Un album du label Decca Classics 4871023
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Photo à la une : le pianiste Yunchan Lim – Photo : © Decca Records

L’automne d’un géant

23 et 24 février 1990, Davies Symphony Hall de San Francisco, Jorge Bolet grave, en marge d’un enregistrement qui demeurera inachevé des Deuxième et Troisième Sonates de Frédéric Chopin, une Barcarolle hypnotique Continuer la lecture de L’automne d’un géant

Splendeur

Des Études ? Lorsque l’on entend l’orchestre que fait jaillir Francesco Piemontesi du bref Preludio on oublie le piano, c’est un horizon qui s’ouvre, mais le clavier reprend ses droits, mobile au-delà du possible pour un Molto vivace qui fuse et oublie de marquer la mesure comme le firent tant de virtuoses, Jorge Bolet en tête.

Non les Transcendantes de Piemontesi ne sont en rien des Études, le sonnet au bord du silence de Paysage, la ballade de Mazeppa, les hallucinations de Feux follets et de Visions, les confidences de Ricordanza, où il faut dire et interroger dans la matière même de la sonorité, ce que seul un poète peut faire jouant les trilles en caresse, la scène d’opéra diabolique de Wilde Jagd, où Méphisto semble mener le bal, tout cela cédera pourtant devant la poésie irréelle, déjà hors du monde d’Harmonies du soir, de Chasse-neige surtout, au-delà du dicible, étoile tremblante dans un ciel de brouillard.

Je sors de là transporté. Liszt virtuose, peut-être, mais Liszt poète d’abord. Après, il vous faudra abandonner vos habitudes devant l’une des versions de la Sonate en si les plus saisissantes qu’il m’ait été donnée d’entendre, une autre « Fantastique », démesurée, foudroyante, plus sombre qu’à l’habitude, amère aussi, une désillusion la conduit vers son abîme final. Il lui aurait fallu ensuite les cercles infernaux de la Dante vers lesquels elle semble aspirée. Hélas, elle manque !

LE DISQUE DU JOUR

Franz Liszt (1811-1886)
12 Études d’exécution
transcendante, S. 139

Sonate pour piano en
si mineur, S. 178

Francesco Piemontesi, piano

Un album de 2 CD du label Pentatone PTC5187052
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Photo à la une : le pianiste Francesco Piemontesi – Photo : © Camille Blake

Les inédits d’un génie

Jorge Bolet au sommet de son art, capté idéalement sur de très beaux pianos par des ingénieurs du son saisissant toutes ses couleurs et son grand jeu polyphonique. Quel plaisir tout au long de ce troisième volume qui clôt la publication de ses enregistrements Continuer la lecture de Les inédits d’un génie