L’orchestre de Gouvy

L’estime, l’amitié de Berlioz n’y firent rien. La France romantique ignora un de ses plus grands compositeurs, car il eut le malheur de naître prussien alors que la Sarre était rendue à la future Allemagne après Waterloo.

Pourtant, ce sera le Conservatoire de Paris qui formera l’art de ce musicien de première force. Mais sa vocation de compositeur s’affirmera lors de ses séjours à Leipzig ou à Berlin, sa rencontre avec Liszt le confortant dans la certitude de la vocation. Deux cent opus, et dans chacun, que ce soit la chambre, la symphonie, l’église où l’opéra un ton souverain, un métier éclatant, une inspiration resserrée dans une langue classique, impérieuse, admirable et qui n’a que faire des modes.

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Le compositeur Louis Theodore Gouvy – (c) DR

Gouvy s’éteindra à l’orée du XXe siècle, en 1898, sans que son langage ait jamais entendu celui de son temps, c’est un roc du romantisme classique, une épure dont les Symphonies montrent bien le style constant, parsemé d’orages mais toujours en lumière, que couronnera en 1892 sa Sixième Symphonie, formellement parfaite, mais d’un discours si inquiet, si haletant.

Jacques Mercier et la Deutsche Radio Philharmonie en gravant l’intégrale des Symphonies, parcourent son œuvre de 1845 – alors qu’il est encore sous l’influence de Reber et applique strictement le schéma de la symphonie viennoise – aux ultimes partitions d’un compositeur septuagénaire qui livre alors un discours bien plus intime.

C’est tout un univers qu’ils nous dévoilent, en marge absolument de ce que la musique française devenait depuis Berlioz, mais participant au grand concert européen qui s’était déplacé vers l’Allemagne, des opus entiers, singuliers, qui dessinent le visage d’un tout grand compositeur. Commencez par la Sixième Symphonie, et continuez à rebours de la chronologie, vous savourerez mieux la découverte.

LE DISQUE DU JOUR

cover complete gouvy mercier cpoLouis Théodore Gouvy (1819-1898)
Les 6 Symphonies
No. 1 en mi bémol majeur, Op. 9
No. 2 en fa majeur, Op. 12
No. 3 en ut majeur, Op. 20
No. 4, Op. 25
No. 5 en si bémol majeur, Op. 30
No. 6 en sol mineur, Op. 87

Symphonie brève, Op. 58
Sinfonietta en ré majeur, Op. 80
Fantaisie Symphonique

Deutsche Radio Philharmonie
Jacques Mercier, direction

Un coffret de 4 CD du label CPO 777992-2
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Photo à la une : © Philippe Simon