La Nuit Chopin

Elle est comme ça, Maria Perrotta, elle vous commence le premier Nocturne Op. 9 en le chantant comme du Bellini, large, timbré, courbé, cherchant dans la couleur une ombre qui au deuxième thème devient un choral. Elle sait marier d’un geste l’expression et la forme, secret de Chopin qui posait l’éventail de ses sentiments sur Le Clavier bien tempéré de Bach. Et ce n’est donc pas en vain qu’elle aura fréquenté le Cantor.

S’y ajoute un art des timbres stupéfiant : écoulez seulement l’effet d’irisation sur la modulation du même deuxième thème. Soudain un rai de soleil couchant passe sous un nuage. L’effet est optique, pictural, exactement le paysage que Chopin veut susciter du piano.

La Berceuse, balancée en barcarolle dès le début n’aura pas la fluidité qu’y mettait Vlado Perlemuter, mais c’est à nouveau une échappée-belle vocale qu’elle y tente, une soprano dans la nuit, quelque chose de féérique, de suspendu et de sensuel pourtant, où la main gauche n’est pas qu’accompagnateur et où la main droite fait tout entendre : polyphonies méprisées qui soudain chantent.

La Tarentelle lui va moins, pas assez ailée, mais le chic sans esbroufe qu’elle met à l’Andante spianato et Grande Polonaise, si ce n’est pas de l’art … comme les climats si bien unis de la Quatrième Ballade, sous cette lumière de pleine lune pâle, ou cette Troisième Sonate déliée mais qui sait aussi oser des perspectives orchestrales dans le Finale … et tout cela enregistré en concert …

Une suite Chopin s’impose !

LE DISQUE DU JOUR

Cvr Perrotta ChopinFrédéric Chopin
(1810-1849)
3 Nocturnes, Op. 9
Berceuse en la b majeur, Op. 57
Tarentelle en la b maj, Op. 43
Andante spianato et Grande Polonaise en mi b maj, Op. 22
Ballade No. 4 en fa min, Op. 52
Sonate pour piano No. 3
en si mineur, Op. 58

Maria Perrotta, piano

Un album du label Decca 4811851
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Photo à la une : (c) Ugo della Porta