Les autres Préludes

À chaque fois que je m’immerge dans les Pièces lyriques de Grieg, elles m’émerveillent. La variété des registres poétiques, l’écriture pianistique harmoniquement si novatrice à laquelle Debussy s’abreuva pour ses Préludes, l’hésitation entre musique illustrative et musique évocatrice, tout demande un très grand pianiste.

Walter Gieseking, les lisant justement à rebours depuis Debussy en avait signé une version majeure, Emil Gilels y ajouta son anthologie plus affirmative et Sviatoslav Richter lui-même en a débusqué les principales gemmes avec une invention dans la sonorité stupéfiante.

Il faut leur adjoindre aujourd’hui les 27 opus que Stephen Hough a sélectionnés, allant d’un même geste du très connu au rarement joué en dehors des intégrales : un clavier intime, aux couleurs subtiles, qui fait miroiter toute la complexité harmonique des textes. Stephen Hough a pour lui son art de poète, son toucher profond et pourtant sans poids, et un magnifique Yamaha boisé, qu’il fait parler comme personne.

Ne cherchez pas ici les éclairs géniaux dont Gilels ou Richter parsemaient leurs voyages : comme toujours, le propos du pianiste anglais vise à l’intime, et sa science du clavier pousse délibérément Grieg vers Debussy, gommant l’aspect pièce de genre pour mieux exalter le panthéisme de ces musiques. Delius aurait applaudi.

LE DISQUE DU JOUR

cover grieg hough hyperion
Edvard Grieg (1843-1907)
Pièces lyriques
(sélection de 27 morceaux)

Stephen Hough, piano

Un album du label Hyperion CDA68070
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Photo à la une : © DR