Une reconstruction et plus

Melani Mestre n’a pas froid aux yeux : Granados avait laissé en plan un projet ce concerto pour son instrument – quelques feuilles, un seul mouvement en apparence, des blancs d’orchestre, le tout assorti de la mention « Patetico ». C’est mince, mais le pianiste en a déduit un concerto en trois mouvements, proposant des réécritures élargies au piano et à l’orchestre de la danse espagnole « orientale » et du Capricho espanol. Cela s’écoute avec plaisir et s’oublie aisément.

Les deux œuvres d’Albéniz sont quant à elles originales aux deux sens du terme : en 1887 avec l’aide de Tomas Breton et sous le patronage de Felipe Pedrell, le pianiste écrivit à sa propre intention deux pages pour piano et orchestre, un Premier Concerto de piano, sous titré « fantastico », ce que souligne l’humeur ibérique de sections assez cobla surtout dans le Finale, et une Rapsodia espanola autrement inspirée – Alicia de Larrocha aimait l’œuvre et l’a enregistrée – que Melani Mestre joue dans la version corrigée par Albéniz après qu’il avait donné l’œuvre sous la direction de Tomas Breton le 20 août 1890 à San Sebastian. Un Second Concerto resta à l’état d’esquisses.

Même si rien du génie des pièces de piano solo n’apparaît ici, la Rapsodia vaut d’être connue, mais le jeu décontracté de Mestre, et l’accompagnement sans caractère de Martyn Brabbins ne lui rendent pas vraiment justice. La face la plus intéressante du disque reste aux deux autres œuvres.

LE DISQUE DU JOUR

cover melani mestre albéniz hyperionIsaac Albéniz (1860-1909)
Concerto pour piano No. 1 en la mineur, Op. 78 « Concierto fantástico »
Rapsodia española, pour piano et orchestre, Op. 70
Enrique Granados (1867-1916)
Concerto pour piano et orchestre « Patetico »

Melani Mestre, piano
BBC Scottish Symphony Orchestra
Martyn Brabbins, direction

Un album du label Hyperion CDA67918
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Photo à la une : (c) DR