Le Concerto de Milstein

Hormis celui pour violoncelle, les deux autres concertos de Dvořák eurent leurs héros au XXe siècle : Rudolf Firkušný défendit celui pour piano et l’enregistra à plusieurs reprises toujours avec31la même fougue, mais l’on sait moins que Nathan Milstein inscrivit souvent celui pour violon à ses concerts et qu’il l’enregistra par trois fois, avec Antal Doráti, William Steinberg puis Rafael Frühbeck de Burgos.

Quelle aubaine de voir publié le concert donné à Lucerne le 12 août 1953, où son archet flamboie dans l’appassionato conquérant des thèmes slaves de l’Allegro mené avec panache par Ernest Ansermet – voilà un ajout majeur à sa discographie ! – qui galvanise son soliste mais sait aussi lui tisser des paysages expressifs surprenants : écoutez le Quasi moderatoMilstein gourme le grave de son violon sur un concertino de bois envoûtant. Quelle interprétation magique ! où il aura fallu appliquer deux fugitives rustines quasi inaudibles prises dans l’enregistrement sensiblement contemporain réalisé avec William Steinberg, la bande ayant été endommagée en ces brefs endroits.

À cette merveille s’ajoute une lecture preste, sur les pointes, un peu sèche du Concerto de Mendelssohn que Markevitch dirige en ligne droite. Mais peu importe à Milstein : il chante, éloquent mais stylé, archet tenu, phrasés parfaits, geste un rien hautain. Vous l’avez compris, pour le Dvořák en tous cas, l’album est imparable.

LE DISQUE DU JOUR

Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Concerto pour violon et orchestre No. 2 en mi mineur, Op. 64*
Antonín Dvořák (1841-1904)
Concerto pour violon et orchestre en la mineur, Op. 53

Nathan Milstein, piano
Swiss Festival Orchestra, mezzo-soprano
Ernest Ansermet, direction
*Igor Markevitch, direction

Un album du label Audite 95.646
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Photo à la une : © DR