L’ivresse et la maîtrise

Beethoven, écrivant sa Deuxième Symphonie, atomisait avec les armes-mêmes de Haydn le monde de l’orchestre classique. Une énergie virulente s’y mariait avec une fantaisie des timbres, des rythmes, quelque chose malgré la forme parfaite d’absolument improvisé qui échappe trop souvent aux chefs d’orchestre.

Hermann Scherchen y était prodigieux au studio comme au concert, Philippe Jordan, déboutonnant son Beethoven qu’il sculptait jusqu’alors dans son grand atelier d’un ciseau autoritaire, le suivrait presque, mais non, la raison l’emporte, faisant voir tout ce que cette musique en voie de devenir fantasque doit tout de même encore un peu au Siècle des Lumières.

Quelle solaire quadrature du cercle où les timbres si épicés des Wiener Symphoniker pimentent un discours parfait dont toute l’élégance se réalise à plein dans une admirable Septième Symphonie, fusante, surveillée et pourtant libre, tout en pleins et en déliés, inondée de lumière.

Les mouvements prestes, les accents vifs, l’équilibre absolu des voix, la finesse du jeu du quatuor, tout fait un Beethoven estival, jusque dans l’ardeur du Finale, sur les pointes. Qui faisait ainsi ? Le jeune Karajan ? Guido Cantelli ?

J’entends bien les modèles qui guident Philippe Jordan depuis le début de sa seconde intégrale des symphonies du Maître de Bonn, cet allègement, cette grâce, cette ivresse tenue plus excitante encore. Je me demande bien ce qu’il fera avec ses Viennois des tableaux naturalistes de la Pastorale.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 36
Symphonie No. 7 en la majeur, Op. 92

Wiener Symphoniker
Philippe Jordan, direction

Un album du label Wiener Symphoniker WS015
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Photo à la une : Le chef d’orchestre Philippe Jordan – Photo : © Julia Wesely