Lorsque Diapason demanda à André Tubeuf quelle œuvre de Schubert il choisirait pour le coffret des Indispensables, il répondit : « la Fantaisie », ajoutant illico, « celle pour violon et piano ». Par Adolf Busch et Rudolf Serkin, évidemment.
C’est le trésor de l’album des sœurs Milstein, il faut aller la chercher à la fin du second disque, elle aurait gagné à ouvrir cette intégrale d’un corpus enregistré in extenso, mais toujours avec bonheur, qu’on se souvienne seulement des paires Martzy/Antonietti ou Goldberg/Lupu.
Elles y sont joueuses à loisir, sans les ombres de Busch et Serkin pour qui Schubert fut comme un psychopompe les menant par-delà le Léthé du nazisme, mais avec ce caractère un rien hungarisant qui en épice les saveurs.
Vous ne bouderez pas les Sonatines, finement senties, pleines de lieder sans voix, mais après la Fantaisie, allez d’abord à la grande Sonate : ce violon qui chante comme une liedersängerin, avec la légère pamoison à l’aigu, ce charme, et puis cet appassionato où le piano s’exalte sous l’archet, c’est du grand art, c’est surtout du grand Schubert, entendu, compris, aimé, comme jadis on l’osait. Bravo.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour violon et piano No. 1 en ré majeur,
Op. 137 No. 1, D. 384
Sonate pour violon et piano No. 4 en la majeur, D. 574
Rondo brillant en si mineur, Op. 70, D. 895
Sonate pour violon et piano No. 3 en sol mineur,
Op. 137 No. 3, D. 408
Sonate pour violon et piano No. 2 en la mineur, Op. 137 No. 2, D. 385
Fantasia pour violon et piano en ut majeur, D. 934
Maria Milstein, violon
Nathalia Milstein, piano
Un album de 2 CD du label Mirare MIR738
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Photo à la une : les sœurs Milstein – © Marco Borggreve