Enfant terrible

Le Concerto iconoclaste que Schulhoff composa à l’été 1923 reste toujours aussi détonant, avec sa poésie lunaire et ses danses de salon cubistes, son petit orchestre écrit avec cette folle virtuosité qui donne à l’univers Schulhoff cette signature sonore immédiatement reconnaissable.

Herbert Schuch s’en régale, de son clavier tour à tour funambule ou mordant, trouvant dans son piano autant de couleurs que l’orchestre en dispense. L’alliance avec la baguette éclatante de Tung-Chien Chuang, jeune chef taïwanais dont l’art semble déjà souverain – son accompagnement du Premier Concerto de Beethoven est tout aussi remarquable –, la fusion commune de leurs énergies donne la version la plus enthousiasmante d’une œuvre qui compte aujourd’hui tout de même quatre enregistrements.

Le pont avec le Premier Concerto de Beethoven s’effectue par la cadence que Schulhoff composa à son usage en 1923, Herbert Schuch réenregistrant à part l’Allegro con brio, cadence à mi-chemin à vrai dire, le compositeur n’osant pas y mettre toutes les épices qu’en enfant terrible de la nouvelle musique il distillait dans ses propres œuvres. Alors écoutez d’abord l’interprétation frémissante, aux phrasés si imaginatifs que le pianiste roumain donne du Concerto avec la cadence originelle. S’il pouvait enregistrer les quatre autres en aussi bonne compagnie et avec des couplages aussi piquants !

LE DISQUE DU JOUR

Berlin 1923

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et
orchestre No. 1 en ut majeur,
Op. 15

Erwin Schulhoff (1894-1942)
Concerto pour piano et petit orchestre, Op. 43,
WV 66

Cadence pour l’Allegro con brio du Concerto No. 1 de Beethoven

Herbert Schuch, piano
WDR Sinfonieorchester
Tung-Chieh Chuang, direction

Un album du label CAvi-Music 8553539
Acheter l’album sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr ― Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le pianiste Herbert Schuch – Photo : © DR