Confluence

Karl Klindworth (1830-1916) aura gagné sa (relative) postérité en transcrivant tout le Ring pour ce piano dont il était un virtuose consommé, élève de Liszt, et chef d’orchestre autant que pianiste. Comparé au continent qu’est le Ring, ce Requiem de Mozart semblerait une broutille si ne s’y réalisait, dans ses étoffes polyphoniques, la confluence entre le Romantisme et le monde de Mozart, qui est dans les originaux mêmes du compositeur de Così fan tutte sensible : tirer de ce côté-là n’est donc pas hérésie.

Klindworth, par l’intensité de sa transcription, son écriture savante et parfois périlleuse (le Dies Irae est saisissant), réussit un alliage plus vaste encore : la science contrapuntique développée par l’écriture chorale de Mozart fait écho dans son piano à celle de Bach, manière de refermer la boucle.

Une expérience vraiment, souvent troublante, d’autant que Vadym Kholodenko l’anime avec génie, usant d’un magnifique grand Erard de 1858 qui capture les affinités troublantes entre la lettre mozartienne et le regard romantique dont la pare cette transcription inspirée.

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Requiem, KV 626 (transcription pour piano seul : Karl Klindworth)

Vadym Kholodenko, piano Érard (1858)

Un album du label de l’Institut Chopin de Varsovie NIFCCD150
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Photo à la une : le pianiste Vadym Kholodenko – Photo : © DR