Coda

Au long des parutions, le voyage minnesotien d’Osmo Vänskä dans le continent Mahler aura réservé plus d’une heureuse surprise, il achoppe pourtant sur la Huitième Symphonie, Veni Creator sans élan et partant trop séquentiel (ce qui pour l’élan étonne, pour le séquentiel moins), Scène finale du Second Faust dispersée, et dépareillée par des solistes inégaux auquel il semble interdit de dessiner le moindre caractère, le bref (relatif) de l’hymne latin s’éternisant autant que la parabole de Goethe.

Vous pourrez donc enjamber et aller sans plus attendre à la Neuvième Symphonie dont l’Andante comodo semble sourdre de l’Enfer du Dante. Amer et pourtant radiographié, une quadrature que dépare les larges perces des cuivres américains, seul bémol pour cette demi-heure crépusculaire qui ignore pourtant la morbidezza d’un Walter et nous rappelle que Mahler, même ayant conquis le monde (et de son vivant New York, plus le chef que le compositeur il est vrai), n’est pleinement chez lui qu’à Vienne, Prague ou Amsterdam, affaire même d’instrumentarium d’abord, mais aussi d’esprit : ce Ländler calibré qui refusera de danser, surtout ce Rondo très peu burleske (il ne faut pas avoir Karel Ančerl et la Philharmonie Tchèque dans l’oreille) montrent les limites de ce qui est d’abord une lecture. Les micros de BIS en capturent chaque détail avec cette acuité qui souligne à quel point la virtuosité supplante le caractère dans ces deux « scherzos ». Le tempo infernal du Rondo est tout de même clouant…

L’Adagio commencé dans une grande brassée, ce qui inquiète, a quelque chose d’absolument brucknérien ; certainement pas un hasard. Trop lyrique soudain ? Certainement, mais étreignant aussi, même si la raréfaction progressive manque, comme la blancheur (le son de la neige tombant sur la neige disait Claudio Abbado) des ultimes mesures. Mais passez outre ces bémols, cette Neuvième se tient à l’altitude certaine qu’atteint l’intégrale. En attendant Das Lied von der Erde, dont Osmo Vänskä avait jadis gravé chez BIS la version chambriste.

LE DISQUE DU JOUR

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 8, « Symphonie des Mille »

Carolyn Sampson, soprano (partie 1 : soprano I / partie 2 : Magna Peccatrix, Mater Gloriosa)
Jacquelyn Wagner, soprano (soprano II / Una poenitentium)
Sasha Cooke, mezzo-soprano (alto I / Mulier Samaritana)
Jess Dandy, contralto (alto II / Maria Aegyptiaca)
Barry Banks, ténor (ténor / Doctor Marianus)
Julian Orlishausen, baryton (baryton / Pater Ecstaticus)
Christian Immler, baryton-basse (basse / Pater Profundus)

Minnesota Chorale
National Lutheran Choir
Minnesota Boychoir
Angelica Cantanti Youth Choir

Minnesota Orchestra
Osmo Vänskä, direction

Un album du label BIS Records 2496
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Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 9

Minnesota Orchestra
Osmo Vänskä, direction

Un album du label BIS Records 2476
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Photo à la une : le chef d’orchestre Osmo Vänskä –
Photo : © DR