Magister

Choix étrange, et pardon pour le préambule : l’Opéra de Munich décide enfin d’illustrer le magister de Wolfgang Sawallisch qui régna sur la scène bavaroise dix années de rang (1982-1992), non par ce RosenkavalierLucia Popp accédait à la Marschallin (à sa demande) ou par une autre soirée lyrique, mais par la captation d’un concert.

Allez, je ne vais pas bouder. Cet Elias saisi durant l’été 1984 surclasse la version que je croyais pourtant définitive enregistrée par Wolfgang Sawallisch pour Philips à Leipzig en 1968.

Seul rescapé de l’enregistrement princeps, Peter Schreier, inoxydable, comme le prouve son aria à la quasi fin de l’œuvre, gain majeur à Munich, l’ange fulgurant de Brigitte Fassbaender, La Veuve de Margaret Price, si éloquente face à l’Elias de Dietrich Fischer-Dieskau, vrai prophète qui se révèle dans la parole divine. Cette éloquence visionnaire, aussi formidable qu’il fut au disque, Theo Adam ne l’incarnait pas avec autant de chair et de spiritualité, affaire de timbre.

Moins qu’à Leipzig, Wolfgang Sawallisch invoque Bach : il dirige d’abord un oratorio romantique que le chœur bavarois magnifie par sa discipline mais aussi par des timbres plus catholiques que ceux des Leipzigois, pour ne rien dire des anges pris chez les petits de Tölz (Christian Immler, gamin !). Ici, Elias tend vers l’opéra.

Il en a le cast ! Margaret Price divine fatalement, mais épisodique (cela dit tout mélomane veut chaque note d’elle), Cornelia Wulkopf, Reine si éloquente, Kurt Moll en première basse, et Marianne Seibel elle-même, si bien chantante face à la Galloise, c’est exalter chez Mendelssohn ce lyrisme fiévreux qui lui aura intimé de créer cette épopée mystique que lui seul, en archéologue du son et en fils d’Israël, pouvait incarner.

LE DISQUE DU JOUR

Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
Elias, Op. 70, MWV A25

Dietrich Fischer-Dieskau, baryton-basse (Elias)
Margaret Price, soprano I (Die Witwe)
Marianne Seibel, soprano II (Der Engel)
Brigitte Fassbaender, contralto I (Ein Engel)
Cornelia Wulkopf, contralto II (Die Königin)
Peter Schreier, ténor I (Obadjah)
Heiner Hopfner, ténor II (Ahab)
Kurt Moll, basse I
Waldemar Wild, basse II
Tobias Eiwanger*, soprano garçon (Der Knabe)
Les trois anges :
Alan Bergius*, Christian Immler*, Michael Kilian*, soprano-garçons
*Solistes du Tölzer Knabenchor

Bayerisches Staatsorchester
Chor des Städtischen Musikvereins zu Düsseldorf e. V.
Wolfgang Sawallisch, direction
Enregistrement réalisé en concert le 4 juillet 1984

Un album de 2 CD du label Bayerische Staatsoper Recordings BSOREC0003
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Photo à la une : le chef d’orchestre Wolfgang Sawallisch –
Photo : © Erich Auerbach