La symphonie des amants

Pour Mercury, avec Minneapolis, Stanisław Skrowaczewski avait gravé deux Suites (les No. 1 et No. 2) tirées par Prokofiev de son Roméo et Juliette, lecture spectaculaire à laquelle il aura finalement renoncé en remettant l’ouvrage sur le métier (et y adjoignant la Troisième Suite) à Cologne pour les micros experts de Denon en mai 1994 puis février 1995.

La narration a pris le dessus sur le spectacle, la pantomime sur le ballet, le chef polonais raffine les textures (magique scène d’amour entre les deux adolescents), soigne l’espressivo, fait la mort de Tybald plus tragique que spectaculaire, anime le grand divertissement plein de joailleries orchestrales que contrastent les épisodes les plus dramatiques (Roméo sur la tombe de Juliette), avant de saisir l’essence émotionnelle de l’œuvre dans une Troisième Suite d’anthologie, celle que Prokofiev assembla tardivement dans l’esseulement de la fin de la Seconde Guerre mondiale, véritable œuvre au noir entendue ici comme telle.

Le tirage initial de l’album était devenu rare, MDG a bien eu raison de l’inclure dans sa série de rééditions tirées du catalogue Denon, mais l’éditeur allemand poursuivra-t-il la renaissance des gravures de Skrowaczewski pour le label nippon ? Avec son orchestre japonais, le Yomiouri Nippon Symphony, un drastique Zarathoustra, des cycles complets des Symphonies de Brahms et de Bruckner le mériteraient.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Prokofiev (1891-1953)
Roméo et Juliette – Suites
Nos. 1 à 3, Opp. 64bis, 64ter, 101

Kölner Rundfunk-
Sinfonie-Orchester

Stanisław Skrowaczewski, direction

Un album du label MDG 650 2290-2 (origine Denon)
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Photo à la une : le chef d’orchestre Stanisław Skrowaczewski –
Photo : © DR