Mozart l’Italien

On l’oublie trop, Mozart adolescent, dans ses saisons ultramontaines, composa certains rôles de ses opéras pour des castrats. Cela aurait pu être l’objet unique du voyage de Franco Fagioli, il n’en sera que deux étapes, le magnifique air orné et si déchirant du Cecilio de Lucio Silla, « Ah se a morir mi chiama », puis trois airs du Ramiro de La finta giardiniera, évoquant l’alto dramatique de Venanzio Rauzzini puis le soprano brillant de Tommaso Consoli.

Soprano, alto, le bouillonnant contre-ténor les peut tous, mais le plus beau du disque reste l’emploi travesti. Ah, ce « Parto, parto, ma tu, ben mio » de La clemenza di Tito dessine un émouvant Sesto, résigné mais torturé pourtant : Franco Fagioli, délesté du souci virtuose, couche d’abord son chant nacré dans celui soyeux de la clarinette de Markus Niederhauser, avant d’enflammer le dernier quatrain, merveille absolue d’un disque qui ira aussi chercher du côté de l’église, virtuose au point d’y risquer le profane.

Plus encore que le réemploi uniquement brillant du Laudamus te pour un air du Davide penitente, c’est l’alternance de pyrotechnies et de dévotion – magnifique Tu virginum corona – de l’Exsultate, jubilate qui vous bluffera, l’accompagnement sur les pointes des Bâlois avivant encore le brio de cette voix si disserte dans l’univers du jeune Mozart.

LE DISQUE DU JOUR

Anima Immortali

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Airs, extraits de La finta giardiniera, K. 196
(Se l’augellin sen fugge ;
E giunge a questo segno ;
Va pure ad altri in braccio), Lucio Silla, K. 135
(Ah se a morir mi chiama), Davide penitente, K. 469 (Lungi le cure ingrate) et La clemenza di Tito,
K. 621 (Parto, parto, ma tu, ben moi ; Deh per questo istante solo)

Exsultate, jubilate, K. 165

Franco Fagioli, contre-ténor
Kammerorchester Basel
Daniel Bard, direction

Un album du label Pentatone PTC5187044
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Photo à la une : le contre-ténor Franco Fagioli – Photo : © Clarissa Lapolla