Les barytons se seront appropriés l’univers du lied schumanien, Dietrich Fischer-Dieskau y insistant, fatalement transcendant, pourtant assez loin du pouvoir d’émotion qu’en tiraient Hermann Prey, Gérard Souzay ou Bernard Kruysen. Depuis, Christian Gerhaher aura apporté un autre regard, et surtout une autre manière de faire sonner ces cycles si littéraires, intégrale plus étendue encore puisqu’elle englobe même les opus strictement dédiés aux voix féminines.

Les ténors, Fritz Wunderlich en tête (mais on cherchera aussi en russe les rarissimes et si bouleversant Vinogradov et Kozlovsky), en seront quasiment restés à Dichterliebe.

Longtemps on n’a quasiment rien su de la grande anthologie que Peter Schreier enregistra à la Lukaskirche de Dresde de 1972 à 1974, quelques microsillons Eterna passant au compte-gouttes le Rideau de fer pour le seul Berlin-Ouest. Longtemps il avait pensé enregistrer tous les cycles, mais il lui manquait un accompagnateur qui puisse partager sa sensibilité si perméable à l’univers de Schumann.

Il l’aura trouvé en la personne d’un pianiste américain qui aura fait ses classes de lieder à Vienne, Norman Shelter. L’alliance révélatrice de leurs conceptions, l’écoute naturelle qui rend les cycles si émouvants (les deux Liederkreis, les Kerner sont fabuleux, à mon sens plus inspirés que Dichterliebe), l’intelligence dans l’art de partager les paysages comme la narration sont fascinants au long de ce grand voyage qui a pris avec le temps valeur de référence.

Retrouver cette somme si bien rééditée dans un nouveau remastering d’après les bandes originales ; quel plaisir !, dont aucun amoureux du lied ne voudra se priver.

LE DISQUE DU JOUR

Robert Schumann (1810-1856)
Liederkreis, Op. 24
Myrthen, Op. 25
(12 extraits : No. 1. Widmung ; No. 2. Freisinn ; No. 3. Der Nussbaum ; No. 5. Sitz’ ich allein ; No. 6. Setze mir nicht ; No. 7. Die Lotosblume ; Nos. 17/18. 2 Venetianische Lieder ; No. 21. Was will die einsame Träne ; No. 24. Du bist wie eine Blume ; No. 25. Aus den östlichen Rosen ; No. 26. Zum Schluss)
5 Lieder und Gesänge, Op. 27 (2 extraits : IV. Jasminenstrauch ;
V. Nur ein lächelnder Blick)
3 Gedichte, Op. 30
12 Gedichte von Justinus Kerner, Op. 35
6 Gedichte, Op. 36 (2 extraits : II. Ständchen ; IV. An den Sonnenschein)
Gedichte aus Rückerts « Liebesfrühling », Op. 37 (3 extraits : I. Der Himmel eine Träne geweint ; V. Ich hab’ in mich gesogen ; VIII. Flügel! Flügel!)
Liederkreis, Op. 39
5 Lieder, Op. 40
Romanzen und Balladen, Vol. I, Op. 45 (extrait : II. Frühlingsfahrt)
Dichterliebe, Op. 48
5 Lieder und Gesänge, Op. 51 (2 extraits : I. Sehnsucht ; III. Ich wandre nicht)
Romanzen und Balladen, Vol. III, Op. 53 (2 extraits : II. Lorelei ; III. Der arme Peter)
Spanisches Liederspiel, Op. 74 (extrait : VII. Geständnis)
5 Lieder und Gesänge, Op. 77 (3 extraits : I. Der frohe Wandersmann ;
III. Geisternähe ; V. Aufträge)
Liederalbum für die Jugend, Op. 79 (4 extraits : No. 4. Frühlingsgruß ;
Nos. 7/8. Zigeunerliedchen I & II ; No. 14. Marienwürmchen)
3 Gesänge, Op. 83 (extrait : III. Der Einsiedler)
6 Gedichte von Nikolaus Lenau & Requiem, Op. 90
3 Gesänge, Op. 95 (extrait : II. An den Mond)
5 Lieder und Gesänge, Op. 96 (3 extraits : I. Nachtlied ; II. Schneeglöckchen ;
III. Ihre Stimme)
Minnespiel, Op. 101 (2 extraits : I. Meine Töne still und heiter ; IV. Mein schöner Stern!)
5 Lieder und Gesänge, Op. 127 (2 extraits : I. Sängers Trost ; II. Dein Angesicht)
Spanische Liebeslieder, Op. 138 (3 extraits : III. O wie lieblich ist das Mädchen ;
V. Romanze, « Ebro caudolose » ; VII. Weh, wie zornig ist das Mädchen)
4 Gesänge, Op. 142 (3 extraits : II. Lehn deine Wang an meine Wang ;
III. Mädchen-Schwermut ; IV. Mein Wagen rollet langsam)

Peter Schreier, ténor
Norman Shelter, piano

Un coffret de 5 CD du label Berlin Classics 0302928BC
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Photo à la une : le ténor Peter Schreier et le pianiste Norman Shelter – Photo : © DR