Complicité

Il restait un peu de temps une fois tout le violon et le piano de Schubert enregistré. Julia Fischer, qui a plus d’un instrument à son art, rejoignit au piano Martin Helmchen. Ce n’était pas la première qu’ils caressaient et tonnaient les cieux et les abîmes de la Fantaisie en fa mineur, mais la faire fraternelle d’un même chant dans la tempête à ce point, avec ses pianissimos magiques rendant les micros quasi obscènes, ce dialogue pour eux, entre eux, quelle expérience !, qui va au cœur des secrets de Schubert.

La même fusion dans les échanges, le même mystère dès l’entrée tremblée de la Fantaisie en ut majeur (D. 934), chef-d’œuvre absolu de Schubert, ce violon qui entre dans le paysage comme venant de l’horizon, quel transport de poésie qui murmure le chant ! Inouï, une vision pas entendue à ce point d’onirisme depuis Johanna Martzy, qui n’avait pas pour dorer son chant un pianiste aussi stellaire.

Les Sonatines sont fabuleuses d’esprit, de lyrisme et de danse, le « Grand Duo » déploie sa balade d’automne avec des tendresses comme venues d’un autre âge, Julia Fischer le caressant d’un chant si pur avant d’élancer son archet dans ces esquisses de danses.

Ah oui, Pentatone a eu mille fois raison de réunir ces deux albums enregistrés en hiver puis à l’été 2009, leur lyrique est demeurée immaculée.

LE DISQUE DU JOUR


Franz Schubert (1797-1828)
L’Œuvre intégrale
pour violon et piano

Sonate (Sonatine) en ré majeur, Op. 137 No. 1, D. 384
Sonate (Sonatine) en la mineur, Op. 137 No. 2, D. 385
Sonate (Sonatine) en sol mineur, Op. 137 No. 3, D. 408
Rondo brillant en si mineur, D. 895
Sonate en la majeur, D. 574, « Grand Duo »
Fantaisie en ut majeur, D. 934
Fantasie en fa mineur, D. 940

Julia Fischer, violon (et piano, D. 940)
Martin Helmchen, piano

Un album de 2 CD du label Pentatone PTC5187090
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Photo à la une : la violoniste Julia Fischer et le pianiste Martin Helmchen – Photo : © Irène Zandel