Panthéisme

Debussy avant Debussy ? Les mélodies du cahier Vannier ne doivent pas faire oublier les Ariettes des années 1880 que Debussy reprend en 1903 en les destinant à sa Mélisande, Mary Garden.

En 2012, Robin Holloway, pour Michael Tilson Thomas les habille d’un orchestre, en redistribue l’ordre, ajoute une poignée de mélodies plus tardives, cahier recomposé qui donne une seconde chance à de belles oubliées où Debussy dit déjà tout de ses sensualités panthéistes malgré quelques lignes encore Massenet, et magnifie les gemmes, mieux connus comme L’Echelonnement des haies, Mandoline, Le son du cor s’afflige vers les bois.

Pourtant, malgré tout l’art de Robin Holloway, aucune n’atteint au pouvoir hypnotique du Jet d’eau. Comme je regrette que Mikko Franck et Vannina Santoni (j’entends encore dans son chant sa Mélisande), ne l’aient pas ajouté en coda de ce beau cycle inventé.

Au même concert (probablement, l’éditeur indique pour les deux captations septembre 2022), une Mer dangereuse, menaçante jusque dans des Jeux de vagues pourtant solaires, d’un raffinement un peu barbare, implosant dans le tsunami final, rappelle les affinités électives liant Mikko Franck et la poétique debussyste, Alpha prenant soin avec ce deuxième album de suivre pas à pas les progrès de cette alchimie.

LE DISQUE DU JOUR

Robin Holloway (né en 1943)
C’est l’extase – 10 Settings of Paul Verlaine, Op. 118 (2012)
Arrangements pour voix et orchestre de dix mélodies de Debussy, augmentés d’un épilogue pour orchestre
Claude Debussy (1862-1918)
La Mer, L. 109, CD 111

Vannina Santoni, soprano
Orchestre Philharmonique de Radio France
Mikko Franck, direction

Un album du label Alpha Classics 981
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Photo à la une : la chanteuse Vannina Santoni –
Photo : © Capucine de Chocqueuse