L’intégrale retrouvée

Entre mai 1975 et octobre 1976, dans quatre salles différentes (dont le studio d’Abbey Road pour la 5e Symphonie), Antal Doráti et le Royal Philharmonic Orchestra enregistraient ce qui allait devenir la plus rare et la plus recherchée des intégrales des Symphonies de Beethoven. Un seul tirage en coffret microsillon sous étiquette Deutsche Grammophon, puis plus rien avant que l’ensemble ne reparaisse au Japon, strictement réservé au marché interne et uniquement en vente dans la chaine de magasin Tower Records, tirage là encore unique et de toute façon vite épuisée. Il se murmurait que le Royal Philharmonic en possédait les droits qu’il n’entendait céder qu’avec parcimonie.

Antal Doráti désirait depuis longtemps graver l’intégralité des Symphonies, il en avait semé quelques versions au cours des années (l’Héroïque, la Quatrième, la Cinquième, la Huitième à Minneapolis, la Pastorale avec le Symphonique de Vienne, la Septième et quelques autres aussi avec le LSO), les avait toutes dirigées en concert des deux côtés de l’Atlantique à plusieurs reprises, surtout il avait bouclé en 1972 sa faramineuse intégrale des Symphonies de Haydn, le temps pour celles de Beethoven était venu.

Si le coffret avait connu une plus large diffusion, on aurait pris la mesure de la révolution qu’y imposait Dorati : cet orchestre fulgurant, ces pupitres qui attaquent avec une telle netteté, l’ampleur conquérante d’un jeu qui arde les rythmes non seulement anticipent sur les interprétations historiquement informées qui allaient fleurir à compter des années 80, mais cette conception athlétique, débarrassée de tout pathos, donnait au génie de Beethoven une nouvelle jeunesse. Plus encore que George Szell à Cleveland, imperméable à l’humour, Doráti construisait un cycle résolument tourné vers l’avenir, épique dans les grandes symphonies, irrésistible dans les « petites » symphonies, les « pétulant », les cravachant, leur donnant une vivacité qui rappelle que Haydn fut ici un modèle.

Voilà, l’intégrale « perdue » est enfin disponible, à prix doux en plus, elle ne doit manquer à aucune discothèque !

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Les Symphonies (Intégrale)
No. 1 en do majeur, Op. 21
No. 2 en ré majeur, Op. 36
No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55
« Eroica »

No. 4 en si bémol majeur, Op. 60
No. 5 en ut mineur, Op. 67
No. 6 en fa majeur, Op. 68
« Pastorale »

No. 7 en la majeur, Op. 92
No. 8 en fa majeur, Op. 93
No. 9 en ré mineur, Op. 125 « Chorale »

Carole Farley, soprano – Alfreda Hodgson, contralto – Stuart Burrowes, ténor – Norman Bailey, basse – Brighton Festival Chorus

Royal Philharmonic Orchestra
Antal Doráti, direction

Un coffret de 5 CD du label Deutsche Grammophon 4863762
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Photo à la une : © DR