La Symphonie des Adieux

Venu du quatuor, et d’un Quatuor qu’il aura fondé, András Keller aura patiemment apprivoisé le podium. Ce que le quatuor ne pouvait lui offrir, cet horizon plus vaste, il l’aura trouvé en revivifiant Concerto Budapest, formation symphonique centenaire qui, avant lui, s’était assoupie.

Quelle belle au bois dormant que cet orchestre, bois en vermeil, cuivres à perces étroites, un quatuor surtout, ample et subtil, où András Keller infuse une poésie dévastatrice, qui aux ultimes mesures suspendues à la limite du silence serre la gorge. Qui faisait ainsi ? Claudio Abbado.

Le grand poème tragique de l’Andante comodo est vertigineux, débarrassé de tout effet, porté par un chant continu qui irradiera les crescendos et poétisera d’un touche onirique le petit giocoso de la flûte à la coda. Scherzos contrastés, beaucoup de mouvement pour les Ländlers, lumières, vent, puis un Rondo sur les pointes, sardonique, cursif, traversé d’éclairs.

L’Adagio des adieux sera d’une beauté suffocante, une touche esthétisante dans les phrasés l’approchant de l’Abschied du Chant de la terre. Emouvante proposition, captée avec une pointe de génie par les ingénieurs de Tacet – on est immergé dans l’orchestre : si elle pouvait être la promesse d’un nouveau cycle Mahler !

LE DISQUE DU JOUR

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 9

Concerto Budapest
András Keller, direction

Un album du label Tacet S254
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Photo à la une : le violoniste et chef d’orchestre András Keller – Photo : © Cseke Csilla