Apesanteur

Le Gewandhaus murmure la première page de la 9e Symphonie, polyphonies et échos comme échangés en rêve, la douceur du mouvement, la fluidité des phrasés, indiquent que ce Schubert-là va verser au séraphisme.

Herbert Blomstedt tournerait-il le dos au Schubert altier, tout en grand son, qu’il avait osé avec la Staatskapelle de Dresde au début des années 1980 ? Oui, cette fois il regarde ailleurs, et voit d’autres paysages, fusants, colorés, sans rien jamais qui proclame ou appui, jusque dans un Finale solaire. Cette manière de tout alléger, de rendre tout clair sans aucune arrête en aura perdu plus d’un, pourtant cette ivresse plus vive qui rangent les cuivres derrière les bois et les cordes ne serait-elle pas l’essence même de l’écriture schubertienne, se souvenant de Mozart ?

Idem pour une « Inachevée » sans pathos, où la nostalgie le dispute à un sourire automnal dans la sombre clarté des Leipzigois. Ah, s’il ne pouvait pas être trop tard pour qu’ensemble ils nous fassent ainsi les Schumann !

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie No. 8 (7) en si mineur, D. 759 « Inachevée »
Symphonie No. 9 (8) en ut majeur, D. 944 « Grande »

Gewandhausorchester Leipzig
Herbert Blomstedt, direction

Un album de 2 CD du label Deutsche Grammophon 4863045
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Photo à la une : le chef d’orchestre Herbert Blomstedt – Photo : © Eric Kemnitz/Deutsche Grammophon