Élévation

Anne Queffélec s’engage dans le Vivace ma non troppo de la Sonate en mi majeur avec une sorte de fièvre, d’urgence, un geste qu’on croirait improvisé, comme si elle jouait tout cela encore dans l’émerveillement de la découverte. C’est grisant, déconcertant, surprenant, absolument beethovénien et pas du tout non troppo, preuve que le sens de la musique n’est que rarement dans des indications qui sont parfois de la plume de l’éditeur, mais bien dans la vision de l’interprète.

Suffocant, littéralement hors de l’atmosphère terrestre, l’Adagio de l’Opus 110 signale l’altitude spirituelle de cette vision qui unifie les trois dernières Sonates, leur font le voyage commun, mais aussi l’élévation, jusqu’à l’Arietta de l’Opus 111, conduite comme une marche silencieuse vers l’infini, mesure à mesure, portée dans un recueillement du son, un cantabile d’accords mesurés qui va aboutir à cette élévation suprême avec ces trilles de voie lactée.

Admirable, et pas entendu pour la ferveur, l’engagement, la spiritualité, depuis Yvonne Lefébure : c’est peu écrire combien ce disque nous rappelle que chaque note d’Anne Queffélec est transcendance.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 30 en mi majeur, Op. 109
Sonate pour piano No. 31 en la bémol majeur, Op. 110
Sonate pour piano No. 32 en ut mineur, Op. 111

Anne Queffélec, piano

Un album du label Mirare MIR634
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Photo à la une : la pianiste Anne Queffélec – Photo : © Caroline Doutre