In Paradisum

Cette beauté d’orchestre, ces pupitres fluides, ces tempos allants, ce serait déjà suffisant pour capter l’attention, et faire que devant tant d’hédonisme, on cède illico.

Mais il y aussi le mystère, cette façon de creuser l’espace harmonique dans des pianissimos qui suspendent le discours sans pourtant distendre la ligne. Quel quatuor de soie, quel paradis tout au long de ce Feierlich vraiment misterioso dont Iván Fischer se garde de tonner les forte, préférant les faire rayonner, vertu ascensionnelle qui modifie drastiquement l’écoute ; ici même, le sombre illumine.

Le Scherzo file, quasi mendelssohnien sur ses pizzicatos, les cuivres suivront cravachés, tout cela danse jusque dans un trio aux alliages sonores agrestes.

Le ciel pourra s’ouvrir, serein jusque dans les proclamations, faisant de l’Adagio inachevé un voyage à travers le miroir fascinant d’émotion plutôt que par sa métaphysique. La coda surprendra dans son détachement irréel à force de pure beauté, déjà une certaine idée du silence … Iván Fischer y entend-t-il les prémices des ultimes mesures d’une autre Neuvième, celle de Gustav Mahler ?

Quel disque !

LE DISQUE DU JOUR

Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 9 en ré mineur, WAB 109

Budapest Festival Orchestra
Iván Fischer, direction

Un album du label Channel Classics CCSSA428822
Acheter l’album sur le site du label Channel Classics ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le chef d’orchestre Iván Fischer – Photo : © Akos Stiller